1997
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Voix et Images ; vol. 22 no. 3 (1997)
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Pierre Nepveu, « L’intimité aux quatre vents : pratique de la forme brève chez Gilbert Langevin », Voix et Images, ID : 10.7202/201321ar
Depuis ses premiers poèmes jusqu'à ceux du Cercle ouvert, parus en 1993, Gilbert Langevin s'est toujours distingué par ses poèmes très courts, constitués d'énoncés crus et souvent télégraphiques. Mais les poèmes brefs de Langevin sont fort différents des haïkus de Jacques Brault. En soulignant cette différence, le présent article veut montrer que le poème court n'est pas pour Langevin un refuge dans l'intimité du soi, mais une façon d'exposer, dans sa forme la plus directe et dynamique, la subjectivité telle qu'elle serait vue par un témoin « naïf » qui observerait son agitation et ses cycles. Les poèmes de Langevin racontent une série d'événements soudains et violents, souvent représentés comme des crimes : ce point de vue paranoïaque est toutefois constamment racheté par l'espoir naïf que la vie refleurira et que les étoiles brilleront. Aucune intimité, aucun lien avec l'intériorité ne sont possibles par un recours à la mémoire ou à l'autobiographie : il n'y a que cette bataille permanente et mythique entre les forces du mal et la quête de lumière et de salut, une bataille que le poème bref tel que pratiqué par Langevin met en scène de la manière la plus vivante et la plus émouvante qui soit.