1997
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Voix et Images ; vol. 23 no. 1 (1997)
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Geneviève Lafrance, « Saint-Denys Garneau et le don épistolaire. La lettre du 30 décembre 1932 », Voix et Images, ID : 10.7202/201348ar
Que tout commerce épistolaire repose sur une pragmatique du don, sur un geste qui, parce que sans garantie de retour, engendre une dette permanente entre les partenaires de l'échange, c'est ce que suggère la lettre de Saint-Denys Garneau écrite à Sainte-Catherine-de-Portneuf le 30 décembre 1932. Là, l'épistolier s'adonne à une intense activité comptable qui a pour effet de conférer à son offrande une valeur inestimable. La présente étude propose de replacer cette pratique du don épistolaire dans le contexte discursif du Québec des années trente, à une époque où le système du don apparaît aux principaux doxographes comme une alternative à la morale utilitariste et à l'économie de marché qui ont précipité le Québec dans la Crise. Profondément engagé dans l'idéologie de son temps, Saint-Denys Garneau fait également figure d'usurier épistolaire, spéculant sur la logique corporatiste du don afin d'amorcer sa carrière d'écrivain.