1998
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Voix et Images ; vol. 24 no. 1 (1998)
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Paul Chanel Malenfant, « Du Pays sans parole à l’âge de la Parole tenue », Voix et Images, ID : 10.7202/201405ar
Dans le liminaire de Parole tenue, Yves Préfontaine désigne son oeuvre à la fois comme un monolithe et un chorus lyrique où s'assortissent les livres, à l'unisson. Le motif du bloc ainsi que l'effroi des dynamismes pulvérulents mis en texte dans le poème entérinent, au plan thématique, le programme formel. Fidèle à l'invite du poète, Paul Chanel Malenfant propose donc ici, balisée par la chronologie, une « saisie en bloc ». Il démontre comment cette poésie, placée sous le signe des désastres (cosmique, national, existentiel...), assume sa tension dramatique par le recours à une double opération matérielle : le décorum langagier et l'effraction verbale. Ces dispositifs, simultanés voire réversibles, oblitèrent ou décalquent l'état de discontinuité de l'univers sinistré. Ils exhibent aussi cette hantise de la viduité que Préfontaine partage avec Mallarmé et dont l'oeuvre semble avoir irrigué, par effet intertextuel, le parcours de Parole tenue. Chez Préfontaine, l'incantation obsédante du rien constitue une résistance à cette « parole de rien » : langue maternelle du « pays sans parole ».