1987
Ce document est lié à :
Revue d'histoire de l'Amérique française ; vol. 40 no. 3 (1987)
Tous droits réservés © Institut d'histoire de l'Amérique française, 1987
Jean Hardy, « Quelques aspects du niveau de richesse et de la vie matérielle des artisans de Québec et de Montréal, 1740-1755 », Revue d’histoire de l’Amérique française, ID : 10.7202/304467ar
L'étude vise à comparer le niveau de richesse et quelques aspects de la vie matérielle des artisans de Québec et de Montréal à l'aide principalement des inventaires après décès. Les fortunes mobilières révèlent qu'il existe dans une ville comme dans l'autre deux groupes d'artisans bien distincts : les plus démunis — près de 60 % — avec moins de 700 livres en biens mobiliers, et les plus à l'aise dont la valeur des mêmes biens dépassent les 800 livres pour atteindre parfois 2 000 livres. En ajoutant à ces biens le numéraire, les créances, les dettes et surtout les biens fonciers et immobiliers, il apparaît clairement que les fortunes les plus imposantes sont plus nombreuses dans la capitale. En effet, on y est moins nombreux à posséder sa maison, mais elle est généralement en pierre et vaut de trois à cinq fois plus que celle en bois de Montréal. On y possède aussi des pièces d'argenterie et du numéraire pour une valeur beaucoup plus considérable. Enfin, parmi les artisans qui peuvent investir, ceux de Québec préfèrent la maison de pierre alors que ceux de Montréal choisissent plutôt la terre, en général de moindre valeur.La quantité, la qualité et la variété des biens mobiliers opposent beaucoup moins les artisans des deux villes que fortunés et moins fortunés. En effet, que l'on regarde le système de chauffage, la batterie de cuisine, la vaisselle, le mobilier de la salle commune ou de la chambre à coucher et les objets de décor, les écarts apparaissent frappants entre les deux groupes. Il n'y a évidemment rien de très surprenant à cette opposition entre riches et moins riches mais la comparaison a le mérite de dépeindre des intérieurs domestiques qui se distinguent à plusieurs égards en même temps que d'identifier les domaines de consommation privilégiés des plus à l'aise des artisans.