1995
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Études littéraires ; vol. 27 no. 3 (1995)
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André Gaulin, « La Chanson comme discours », Études littéraires, ID : 10.7202/501091ar
La chanson que Paul Zumthor appelle « poésie orale sonorisée » est un héritage de la poésie lyrique à forme fixe. D'ailleurs, chez Gilles Vigneault, le plus médiéval des chansonniers du Québec, on trouve encore la villanelle, la ballade avec envoi. À ce titre, la chanson, comme genre, emprunte beaucoup aux figures de la rhétorique, énumération, répétition, chiasme, opposition, anaphore, etc. Elle garde surtout de la forme fixe une sorte de concision qui la rend lapidaire. Appartenant à la poésie lyrique, la chanson joue sur le rythme, sur la musicalité et, sur la tropation tout particulièrement. Elle réconcilie texte musical et texte littéraire, les marie, les oppose, assure leur efficacité réciproque par leur rencontre mesurée, ponctuée, valorisée. En ce sens, et l'évolution de la chanson d'un siècle à l'autre est allée vers cela, la chanson appartient au(x) discours et possède un pouvoir rhétorique tel qu'elle est devenue un haut lieu de la poésie chantée en même temps qu'une tribune idéologique plurielle. Le présent article a voulu illustrer cela à partir d'une chanson de Jacques Brel.