1995
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Études littéraires ; vol. 27 no. 3 (1995)
Tous droits réservés © Département des littératures de l'Université Laval, 1995
Jacques Julien, « Les Entrailles de la voix », Études littéraires, ID : 10.7202/501095ar
Édith Piaf et Diane Dufresne font partie d'une longue série de performeurs à la voix vibrante. Ces deux chanteuses ont en commun l'émoi qui affleure comme l'aspect le plus sensible de leur voix, l'énergie première, primitive qui module le souffle à l'endroit où se soude la jointure entre le dit et le nondit. Une passion palpite dans leur voix et fait corps avec l'air. Elle se donne à reconnaître dans le froid de la plaque gravée. Plus qu'un tympan de l'auditeur, c'est à son ventre, à ses viscères que s'agrippe le chant arraché à la matière du corps. La geste vocale comprend des paroles, une narration où la chanteuse apparaîÎt souvent aussi comme actrice du drame. Sur ces scénarios, l'intégration musicale s'organise vers la construction d'un support émotif reposant sur un crescendo mélodique, intensif et rythmique. Toutes ces structures du texte, paroles et musique, ont bâti une architecture acoustique dans laquelle la voix pourra se déployer. Ce dont l'auditeur jouit comme d'une immédiateté vibre en fait depuis des profondeurs d'autant plus utiles qu'elles sont imperceptibles.