1995
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Études littéraires ; vol. 28 no. 2 (1995)
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Jean-Louis Brunel, « Carpenter’s Gothic ou le temps des faussaires », Études littéraires, ID : 10.7202/501121ar
L'économie des romans de William Gaddis prend à la lettre l'absence radicale de tout trésor transcendant du sens. Cet article essaie de montrer comment l'effondrement de la figure paternelle, qui est au réel ce que l'étalon-or fut à l'argent, engendre un monde de signifiants dont l'insensé est nourri par la structure dialogique du texte. La mascarade de l'Halloween battant son plein, les personnages et les décors sont soumis au sortilège de mots qui ne renvoient qu'à leurs répétitions, rendant aléatoire tout processus de représentation. Ainsi, sans possible recours à quelque instance supérieure, notre perception de la diégèse est à jamais brouillée par le manque de ce qui peut distinguer l'original de sa redite. Désormais, aucune vérité n'est recevable qui ne s'inscrit dans une esthétique de la contrefaçon.