2000
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Études littéraires ; vol. 32 no. 1-2 (2000)
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Michèle Gendreau-Massaloux, « Réflexion d’une hispaniste », Études littéraires, ID : 10.7202/501266ar
Après la période andalouse qui marqua une cohabitation linguistique et religieuse où interagirent savoirs d'Orient et d'Occident, du Nord et du Sud, l'histoire espagnole semble ordonner en même temps que l'unification castillane, une progressive pente à l'intolérance avec l'institution de l'Inquisition et les proclamations nombreuses des Statuts de la propreté du sang, dès le XVIe siècle. Le Siècle d'Or est le pic des politiques de l'exclusion civile et religieuse en même temps qu'il interroge le lien causal entre répression et épanouissement remarquable des arts qui notamment organisent un contrepoint à la vérité officielle et intolérante en faisant de leurs emprunts mythologiques plus que des motifs d'ornementation. Le XVIIIe siècle verra, en Espagne, l'émergence d'un catholicisme éclairé qui, s'il prend forme parmi les clercs, est soutenu par des figures importantes des lettres, comme le bénédictin Feijóo qui combattra autant les préjugés universitaires que religieux. Ce combat confirmera combien la tolérance ne peut se penser dans un premier temps que dans le christianisme ou, autrement dit, que l'origine de la tolérance postule le retour aux origines du christianisme.