À bon entendeur : Petite note sur « l’écoute structurelle »

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2003

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Circuit : Musiques contemporaines ; vol. 14 no. 1 (2003)

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La notion d’« écoute structurelle », qui apparaît dans Introduction à la sociologie de la musique, a donné lieu à une masse de commentaires qui sont autant de malentendus. Loin de faire d’une telle écoute son credo définitif, la pensée d’Adorno en effet s’est considérablement enrichie voire infléchie sur ce point. Mais il se révèle surtout qu’elle est moins une pensée de l’« écoute » que de « l’ouïr » musical, et qu’elle démobilise elle-même le privilège que la traduction du verbe hören accorde indûment, en français, au terme « écoute ». Entre écouter, entendre et ouïr, il y a une radicale différence des sens, que ce privilège oblitère. On récusera du même coup qu’il y ait une essence invariante de l’écoute, celle d’un « sujet » également invariant. La promotion moderne de l’écoute, liée à l’apparition technique de « l’écouteur », répond au devenir métaphysique du sujet occidental et de son « oto-nomie », symptôme d’un « malaise dans l’écoute » qui serait l’une des formes de celui que Freud explore de la culture. C’est au contraire au défaut du sujet et de sa finitude que peut se situer la vérité de l’ouïr. L’oreille relève ainsi d’une temporalité, dont La Recherche du temps perdu montre qu’elle est le coeur du fait que le sujet entend toujours « à l’envers » : pour se résorber et se construire temporellement, techniquement, « à l’oeuvre ».

The notion of "structural listening", which appears in Introduction to the sociology of music, led to a multitude of comments, many of which are misunderstandings. Rather than making such a listening approach his definitive credo, Adorno's thinking was greatly enriched, even inspired, on this point. Yet it is revealed as not so much a process of "listening" as one of musical "hearing", thereby demolishing the privilege that the translation of the verb hören in French incorrectly affords the term "listening". Between "to listen" and "to hear" there is a radical difference of meaning that this privilege negates. By the same token, one takes exception to the fact that there is an invariable essence to listening, one of an equally invariable "subject".The modern promotion of listening, linked as it is to that of the technical emergence of the "listener", corresponds to the metaphysical development of the occidental subject and of its "oto-nomie", which is symptomatic of a "listening deficiency" that is one of the forms that Freud explored culturally. The truth of "hearing", however, can be realised only with the absence of the subject and its finality. The ear therefore emerges from a temporality, which La recherche du temps perdu shows is the heart of the matter, that the subject always hears "back to front"; to resolve and construct itself in temporal form, technically "to the work".

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