14 avril 2025
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Jean-Baptiste Rigot et al., « Inondations dans la plaine alluviale de Tours à la fin du Moyen Âge et au début de l'époque moderne : à la recherche des zones de stockage sédimentaire et de marqueurs de crues », HAL SHS (Sciences de l’Homme et de la Société), ID : 10670/1.00125c...
Partant des témoignages de l’impact des crues de la fin du Moyen Âge sur la ville de Tours, qui isolent parfois la cité pendant plusieurs mois en raison d’inondations répétées, lui donnant une allure d’île, le projet TUIMA (Tours Une Île au Moyen Âge ?) a pour objet d’étudier les interactions entre la Loire, le Cher et les riverains au début du PAG (Petit Âge Glaciaire), au moment où se renforce l’aléa hydrologique. Ce projet interdisciplinaire (ART Univ. Tours 2022) est en cours d’achèvement et ce colloque est l’occasion de présenter un certain nombre de résultats. L’action ” géoarchéologie ” du programme a consisté à identifier les espaces de stockage des sédiments de cette période dans la plaine alluviale, à analyser les sédiments et les dater (14C) et enfin, à tenter de les associer à des phases d’inondation identifiées dans les sources textuelles. Peu d’informations existent sur les dépôts naturels du Moyen Âge ou de l’époque moderne dans la plaine, alors que les niveaux antiques sont bien repérés. Un des objectifs de cette recherche était donc de trouver des espaces de sédimentation datant de ces périodes récentes. Plus largement, il s’agissait de réfléchir sur les dynamiques hydro-sédimentaires dans ce secteur de Loire moyenne au moment où se renforce l’aléa hydrologique.Notre travail montre que les modalités de l’inondation dans la plaine de Tours sont fortement contraintes par les aménagements, en particulier les digues établies le long des cours d’eau. Si ces dernières sont encore assez peu élevées à la fin du Moyen Âge (4 m environ par rapport à l’étiage le long de la Loire), elles vont progressivement devenir insubmersibles au cours de la période moderne. Dans ces conditions, seules les crues extraordinaires, qui conduisent à la rupture de ces ouvrages, pourraient permettre la sédimentation dans les Varennes de Tours, qui serait dès lors fort limitée. Cependant, les archives textuelles témoignent d’inondations de plus en plus fréquentes dès le XIVe s. Deux questions se posent alors : soit les crues transportent très peu de particules en suspension, ce qui entraine une trop faible sédimentation pour être identifiable ; soit cette sédimentation se fait dans des espaces spécifiques qu’il nous faut identifier.Les vecteurs des inondations dans la plaine de Tours (en particulier ordinaires et moyennes) sont d’anciens chenaux de la Loire et du Cher : le ruau Sainte-Anne, orienté Nord-Sud et reliant les deux cours d’eau à l’ouest de la ville et son affluent, le ruisseau de l’Archevêque, orienté est-ouest, provenant de la vallée du Cher. Si les crues récurrentes à partir de la fin du Moyen Âge ont laissé des traces, c’est probablement dans ces chenaux que l’on pourra les identifier. Ainsi, le remplissage sédimentaire de ces deux paléochenaux, aujourd’hui disparus mais accessibles dans les jardins publics de la ville, a été prospecté : d’abord par géophysique (géoradar et méthode EMI) et ensuite par carottages (transects), ce qui a permis de mettre en évidence des niveaux appartenant à cette période. Leur analyse sédimentaire fine (granularité, susceptibilité magnétique, spectrocolorimétrie) permet d’identifier ce qui pourrait s’apparenter à des épisodes de crue.