Voix d’eau : Pascal Quignard et « la voix perdue » des lais bretons

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28 mai 2020

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Nathalie Koble et al., « Voix d’eau : Pascal Quignard et « la voix perdue » des lais bretons », Tangence, ID : 10670/1.024a42...


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Les liens que l’œuvre de Pascal Quignard entretient avec la littérature médiévale sont à la fois discrets et multiples, au sein d’une écriture de part en part travaillée par la confrontation à de multiples univers esthétiques et littéraires. Élaboré par l’écrivain contemporain, le concept de « jadis », d’inspiration lacanienne, engage néanmoins une réflexion sur la mémoire qui entretient avec le Moyen Âge perdu des contes, mais aussi, avec la conception médiévale de la mémoire littéraire, une résonance particulière. Cette étude se propose de mettre au jour cette résonance en confrontant deux récits qui reposent sur une intrigue en grande partie similaire : « La voix perdue » de Quignard et le lai anonyme de Tydorel. Cette lecture croisée met en évidence une réflexion en miroir sur l’inaccessibilité de l’origine, figurée dans les deux textes par des lieux/personnages aquatiques. Antérieure à la langue, cette origine fantasmée est dans les deux contes au cœur d’une poétique du détour qui tente de cerner, par la langue littéraire, les eaux les plus troubles de la rencontre amoureuse.

The links that Pascal Quignard’s work maintains with medieval literature are both discrete and numerous, in a writing that is shaped throughout by the confrontation with multiple aesthetic and literary universes. Developed by the contemporary writer, the concept of “past”, in the Lacanian sense, nevertheless focuses attention on the memory that resonates in particular with the lost Middle Ages of fairy tales and the medieval conception of literary memory. The present article proposes to underscore this resonance by comparing and contrasting two narratives based on a largely similar plotline: Quignard’s “The Lost Voice” and the anonymous lai Tydorel. This comparative reading offers a mirror reflection of the inaccessibility of the source, represented in both texts by aquatic places/characters. In the time before language, this fantasized origin is, in the two texts, at the heart of a poetics of detour that aims to emphasize, through literary language, the most troubled waters of the amorous encounter.

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