2021
Cairn
Maria Sofia Mormile, « Les Bourbons en exil juges du royalisme. Doutes, nécessité et mesure de la fidélité dynastique (1795-1802) », Annales historiques de la Révolution française, ID : 10670/1.02f7fb...
Les Bourbons incarnent-ils vraiment le royalisme qu’ils inspirent ? Cet article explore les doutes qui assaillent le comte d’Artois – futur Charles X – et le duc de Bourbon – père du duc d’Enghien, lorsqu’ils assistent, largement impuissants, au développement et à l’échec des mouvements royalistes français de l’intérieur dans les années 1790. L’étude de leur correspondance intrafamiliale dévoile un profond désenchantement à l’égard des capacités militaires des armées vendéennes et bretonnes, qui ne peuvent espérer renverser le régime républicain sans l’appui des puissances coalisées. Depuis leur exil, les princes se montrent soucieux de rester légitimes auprès de leurs hôtes. Ils veulent croire et faire croire au royalisme inébranlable d’un noyau dur de partisans en France, susceptibles, un jour, de faire basculer le pays et tenir ainsi la « promesse » de la Restauration. Très pragmatiquement, Artois et Bourbon se réconcilient à Londres avec le nouveau duc d’Orléans, fils de Philippe-Égalité, chef de la branche cadette des Bourbons et surtout ancien officier de l’armée républicaine. Les modalités de cette réconciliation témoignent des efforts déployés par les deux parties pour renforcer l’unité dynastique et définir un projet commun de restauration monarchique crédible aux yeux de leurs protecteurs européens et aux yeux des Français.