2009
Cairn
Sylvie Robert, « Vocation actuelle de la théologie spirituelle », Recherches de Science Religieuse, ID : 10670/1.03bdnb
Dans son inventaire des « lieux théologiques », Melchior Cano ne faisait aucune place à l’expérience spirituelle, les « spirituels » ne paraissant même pas comme théologiens... La frontière qui, relayant une distinction paisible, s’était élevée entre théologie et spiritualité, sur la base d’une évolution de la théologie vers une scientificité et sous l’effet des interrogations du nominalisme, semble être devenue poreuse, sinon avoir disparu. De fait, la théologie contemporaine pense l’expérience croyante. La question pourrait se formuler ainsi : où et comment peut (doit ?) se faire la prise en charge théologique de la vie spirituelle, du capital chrétien d’expérience spirituelle ? Est-ce par une discipline propre, la théologie spirituelle ? Qu’est-ce qui la caractériserait ? Pour réfléchir ainsi au devenir de la théologie spirituelle, on commencera par observer, avec quelques exemples d’élaborations théologiques significatives, comment la théologie contemporaine prend en compte la dimension expérientielle de la foi chrétienne. Mais prendre en compte cette part constitutive d’expérience, est-ce pour autant prendre en charge l’expérience spirituelle ? Si oui, une théologie spirituelle n’aurait plus de raison d’être ; si non, quelle est la vocation d’une telle théologie ?