La globalisation de la solidarité lors de catastrophes naturelles

Résumé Fr

En 1348, la peste noire ravage l’Europe et la ville italienne d’Orieto ferme ses portes aux étrangers, les parents refusent de soigner leurs enfants et les Juifs y sont persécutés. En 1923, après le séisme de Tokyo, des foules lynchent des Coréens. En 2020, au début de la pandémie de COVID-19, des infirmières furent agressées en France et des Asiatiques(-Américains) aux Etats-Unis. Ces trois exemples tirés d’époques et de territoires variés, rappellent que des catastrophes peuvent conduire à la chute de la solidarité au sein de villes ou de pays, c’est-à-dire à la perte de ce qui unissait les individus qui composaient ces villes et ces pays. Dans un contexte de catastrophe, des groupes distincts les uns des autres, mais aussi des groupes auparavant unis peuvent entrer en conflit et produire des bouc-émissaires. De plus, les groupes sont aussi désunis si leurs membres fuient, sont malades, blessés et meurent. Par ailleurs, comme le montrent ces exemples, la perte de solidarité et les conflits sont parfois d’échelle internationale. Or, à mesure que l’Anthropocène advient, le nombre de catastrophes croît et leur portée grandit. Celle-ci devient internationale, et même mondiale. L’enjeu est donc tant de décrire comment les conflits intra-urbains et intra-nationaux peuvent être évités, que d’envisager comment faire face au risque de conflits internationaux et à la disparition de la solidarité internationale lors de catastrophes. C’est pourquoi, dans l’analyse qui suit, nous étudions un moyen de lutter contre la perte de la solidarité inter- et intra-groupale en période de catastrophe, et à grande échelle: une chaîne transnationale de rassemblements publics en soutien aux secours.