Les crustacés : un outil de description des comportements humains préhistoriques et des paléoenvironnements en contexte maritime à l'échelle de l'Europe atlantique

Résumé Fr

L’utilisation et l’exploitation des crabes par les populations humaines du Paléolithique au Néolithique sera abordée sur la façade atlantique européenne. Ces travaux s’inscrivent sur un temps long (-2,6 Ma à -3000 ans), et sur une aire géographique relativement étendue, allant de la France au Portugal. L’ensemble des études est centré sur les populations humaines du littoral, et plus particulièrement sur les accumulations liées à leurs activités, les amas coquilliers. Ces amas contiennent un grand nombre de restes issus de l’exploitation des ressources marines par les populations, aussi bien à des fins alimentaires, que pour la confection d’objets. On y retrouve principalement des fragments de mollusques, de mammifères, d’oiseaux, de poissons, de crabes, de charbons, ainsi que de silex. La présence en grand nombre de coquilles au sein des amas permet de faciliter la conservation de certains vestiges, comme les crabes.Malgré le nombre croissant d’études réalisés sur les amas coquilliers ces cinquante dernières années, les fragments de crabes sont rarement étudiés par les archéologues. Si leur présence est détectée dans les amas, ils sont plus rarement identifiés au niveau spécifique, quantifiés et mesurés. Cependant, ces fragments sont potentiellement porteurs d’informations sur les activités, le régime alimentaire, voire des aspects culturels des populations humaines littorales. Ils viennent ainsi complémenter nos connaissances de ces populations. Différentes méthodologies sont applicables aux fragments de crabes. L’essentiel d’entre eux, au sein des amas coquilliers, est représenté par des morceaux plus ou moins complets de pinces et de doigts, parfois de carapaces. La première étape consiste donc dans le choix d’un maillage suffisamment fin des tamis (4mm et 2mm), compte tenu de la dimension infracentimétrique des fragments. Ces derniers sont ensuite isolés lors des phases de tri. L’identification systématique, lorsque l’état de préservation des fragments le permet, est effectuée à l’aide de caractères morphologiques de spécimens actuels de crabes. Pour chaque amas coquillier, une courbe d’accumulation, représentant le nombre d’espèces présentes en fonction du nombre de fragments identifiés, est réalisée. Lorsqu’un plateau est atteint dans le nombre d’espèces, cela indiquera une quantité suffisante de fragments à prendre en compte pour chacune d’elles. Enfin des mesures intermédiaires sont réalisées sur les restes de doigts. Des équations de corrélation sont établies à partir de spécimens actuels afin d’évaluer le gabarit des crabes préhistoriques. A partir de ces différentes méthodologies notre objectif est, d’une part, d’identifier et de qualifier les espèces collectées préférentiellement par les populations humaines, d’un territoire et d’une époque à une autre. En parallèle, la comparaison des gabarits de spécimens collectés dans le passé et actuellement, devrait permettre de questionner les notions de surexploitation. D’autre part, ces données devraient permettre de suivre l’évolution des aires de répartitions des différentes espèces au cours du temps. Enfin, à l’aide des connaissances sur les différentes espèces acquises dans les temps présents (habitats, profondeur, mode d’alimentation, …), l’utilisation des crabes en tant que proxy devrait aider à la reconstruction de paléoenvironnements