2014
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Benjamin van den Bossche et al., « Les trois inhumations du site des Herbages aux Mureaux (Yvelines) : nouvelles données concernant les débuts de l’âge du Bronze ancien à l’ouest de Paris », HAL SHS (Sciences de l’Homme et de la Société), ID : 10.3406/bspf.2014.14434
Nouvelles données concernant les débuts de l'âge du Bronze ancien à l'ouest de Paris Benjamin Van den Bossche et Arnaud Blin Résumé : Au premier semestre 2013, le service archéologique départemental des Yvelines (SADY) est intervenu pour la réalisation d'un diagnostic préalable au projet d'extension des infrastructures industrielles exploitées par Airbus et sa filiale Astrium Space Transportation en bord de Seine, sur la commune des Mureaux (Yvelines), à environ 40 km à l'ouest de Paris. Cette opération archéologique a permis l'exploration partielle d'un ensemble funéraire de petite taille, mis au jour sur un peu plus de 40 m². Implanté au sommet d'un dôme sablo-graveleux, il comprend trois sépultures individuelles à inhumation, conservées de manière inégale. Le secteur concerné par les investigations a effectivement fait l'objet de terrassements importants à partir de la fin des années 1960, en raison de la construction d'une base militaire. Ces travaux ont manifestement affecté les formations superficielles, provoquant localement la destruction des vestiges enfouis. En dépit de ces problèmes taphonomiques, les sépultures en question semblent partager des caractéristiques communes. Elles accueillent l'inhumation primaire d'un adulte, en décubitus dorsal, la tête préférentiellement orientée à l'est. Les squelettes sont toutefois trop partiels pour déterminer le milieu de décomposition ou d'éventuels remaniements secondaires. À une exception près, les terrassements récents ont eu raison des structures associées à ces inhumations : fosse sépulcrale et éventuel monument. Le matériel anthropologique recueilli a systématiquement fait l'objet de mesures radiocarbone, réalisées par AMS au laboratoire de l'université de Groningen (Pays-Bas). Les résultats obtenus suggèrent la relative homogénéité chronologique de l'ensemble. Apparues dans le même horizon stratigraphique, les trois inhumations sont spatialement proches et peuvent être considérées comme des sépultures contemporaines sur la base des datations radiocarbone, appartenant plus vraisemblablement à la fin de l'étape initiale du Bronze ancien telle qu'elle a été définie pour le Bassin parisien. Elles constitueraient un groupe funéraire dont l'extension et la structuration ne peuvent être raisonnablement restituées si l'on tient compte de l'arasement général des niveaux archéologiques et de l'exigüité des surfaces explorées au cours du diagnostic. Seule une tombe a livré du mobilier. Il s'agit d'un poignard en alliage cuivreux, typologiquement comparable aux poignards de type Butterwick. Jusqu'à présent, ces poignards à lame plate et rivets massifs étaient exclusivement connus en Grande-Bretagne, en contexte funéraire, où ils sont fréquemment associés à du matériel typique d'une phase avancée du Campaniforme insulaire. Depuis la fin des années 1990, la vingtaine d'exemplaires recensés outre-Manche est datée d'une étape chronologique antérieure à l'émergence de la culture du Wessex (Wessex I). Les datations 14 C exploitables confirment cet ancrage dans un intervalle de quelques siècles, compris entre l'extrême fin du III e millénaire et le début du II e millénaire avant notre ère. En fournissant un jalon chronologiquement fiable, daté de la charnière entre le Bronze A1 et le Bronze A2, la découverte des Mureaux constitue une bonne illustration de certaines tendances, avérées dès 2500 av. J.-C. en France septentrionale, qu'il s'agisse du retour graduel à l'inhumation individuelle ou de la montée en puissance de quelques personnages privilégiés. Elle offre, en outre, de nouveaux éclairages sur les dynamiques culturelles qui affectent le centre du Bassin parisien à la fin du III e millénaire avant notre ère. Le poignard, probablement produit dans le Sud de l'Angleterre, signale certainement l'existence de contacts ponctuels entre la Grande-Bretagne et les régions situées le long du cours inférieur de la Seine. En l'état actuel de la documentation, il constitue l'un des premiers témoins tangibles de la mise en place des réseaux de diffusion caractéristiques du complexe Manche-mer du Nord, dont l'affirmation n'est pas antérieure au deuxième quart du II e millénaire avant notre ère.