2012
Cairn
Cécile Vidal et al., « Famille et esclavage à la nouvelle-Orléans sous le régime français (1699-1769) », Annales de démographie historique, ID : 10670/1.04iqb6
Depuis les années 1960, la famille d’esclaves constitue l’un des sujets de prédilection de l’historiographie relative à l’esclavage aux États-Unis. Cette question a donné lieu et suscite toujours de très intenses discussions, même si leur vigueur s’est quelque peu émoussée avec la transformation du contexte politique et idéologique. Plus de deux générations après le lancement des premières polémiques, il paraît nécessaire, pour continuer à avancer, de changer les termes dans lesquels les débats ont été initialement posés, en déplaçant la question des structures familiales à celle, plus générale, des rapports entre famille et esclavage. À partir d’un cas d’étude particulier – la zone agro-urbaine de La Nouvelle-Orléans sous le Régime français de 1699 à 1769 – il s’agira d’examiner comment les deux institutions au fondement même des sociétés esclavagistes entrèrent en conflit et se transformèrent au contact l’une de l’autre. Fondé sur une exploitation fine des registres paroissiaux, des inventaires après décès et des archives judiciaires, l’article démontrera comment la famille, dans sa définition, sa signification et ses fonctions sociales, constitua un terrain d’affrontement, de contestation et de négociation fondamental non seulement entre l’Église, les maîtres et les esclaves autour de l’église paroissiale de la capitale louisianaise, ainsi qu’entre planteurs et esclaves sur et entre les habitations, mais aussi entre hommes et femmes esclaves au sein des communautés serviles, sans qu’aucune des parties en présence ne puisse jamais en ressortir comme clairement victorieuse.