2020
Ce document est lié à :
https://hal.science/hal-02893340v1
http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/ , info:eu-repo/semantics/OpenAccess
Jean-Paul Demoule, « Cultures, peuples, groupes … et gènes », HAL SHS (Sciences de l’Homme et de la Société), ID : 10670/1.054072...
Lorsque les archéologues des sociétés sans écriture ont commencé à ordonner leurs données au cours du XIXe siècle, ils ont constitué des « boîtes » portant le nom de « cultures » (Kultur en allemand) ou de « civilisations », définies par des « fossiles directeurs » (Leitfossil) selon un paradigme presque explicitement géologique. Ces « cultures » étaient néanmoins considérées également comme des entités biologiques, susceptibles de se générer les unes les autres, voire de se combiner. Gustaf Kossinna franchira un pas décisif en assimilant « culture archéologique » et « peuple ». Aujourd’hui, on peut distinguer deux positions extrêmes : soit les cultures existent réellement en tant que groupes humains et peuvent être définies, position majoritaire en Europe centrale et orientale ; soit les cultures sont une pure fiction de l’observateur, et au mieux des zones stylistiques approximatives, position fréquente dans l’archéologie des pays anglo-saxons et de leurs marges, et qui fut accentuée encore par l’archéologie dite « post-processuelle ». La réalité est sans doute entre ces deux extrêmes. Mais ces dernières années, la paléogénétique est entrée dans le jeu, espérant reconstituer les migrations de populations, sinon de « peuples », avec le risque de reproduire, par déterminisme biologique, les modèles de raisonnement de la craniométrie du XIXe siècle. Le débat continue !