Groupe et destructivité : affaire de génocide. Massification de la psyché dans le processus génocidaire

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2023

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Laurence Pessinet, « Groupe et destructivité : affaire de génocide. Massification de la psyché dans le processus génocidaire », Revue de psychothérapie psychanalytique de groupe, ID : 10670/1.061q77


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A contrario du travail de subjectivation qui incombe à tout sujet et qui suppose de lier Éros et Thanatos, le processus génocidaire participe d’une nouvelle configuration de ces deux pulsions qui relâche les liens et projette la destructivité sur l’extérieur dans le but de retrouver les éprouvés primaires vécus par le nourrisson dans les premiers temps de sa vie. Pour ce faire, les individus s’agglutinent au groupe pris dans le discours totalitaire qui anesthésie par son univocité la possibilité d’accéder à sa subjectivité et barre la possibilité de faire le pas de côté nécessaire afin d’éviter l’engloutissement dans l’idéologie dictatoriale. L’autre est alors transformé par le discours ambiant en masse anonyme et dangereuse, facile à éliminer, car aucune identification n’est possible. Le groupe génocidaire se remanie alors en masse dans le sens d’un agglutinement, d’une agglomération. L’extermination prend place dans le cru du réel afin de procéder à la réalisation de ce fantasme des origines.

In contrast to the work of subjectivation that is incumbent on every subject and implies the linking of Eros and Thanatos, the genocidal process involves a new configuration of these two drives which loosens ties and projects destructiveness onto the outside with the aim of rediscovering the primary experiences experienced by the infant in the first stages of its life. To do this, individuals cling to the group caught up in the totalitarian discourse which, through its univocity, anaesthetizes the possibility of accessing one’s subjectivity and blocks the possibility of taking the necessary step aside to avoid being swallowed up by the dictatorial ideology. The other is then transformed by the prevailing discourse into an anonymous and dangerous mass that is easy to eliminate because no identification is possible. The genocidal group is then reorganized into a mass in the sense of an agglutination, an agglomeration. Extermination takes place in crude reality in order to fulfil this fantasy of origins.

Frente al trabajo de subjetivación que incumbe a todo sujeto y que supone la vinculación de Eros y Tánatos, el proceso genocida participa de una nueva configuración de estas dos pulsiones que afloja los vínculos y proyecta la destructividad hacia el exterior con el fin de volver a encontrar las experiencias primarias vividas por el lactante en las primeras etapas de su vida. Para ello, el individuo se aferra al grupo atrapado en el discurso totalitario que, por su univocidad, anestesia la posibilidad de acceder a la propia subjetividad y bloquea la posibilidad de dar el paso al costado necesario para evitar ser engullido por la ideología dictatorial. El otro es entonces transformado por el discurso dominante en una masa anónima y peligrosa, fácil de eliminar, porque no hay identificación posible. El grupo genocida se remodela entonces en una masa en el sentido de una aglutinación, una aglomeración. El exterminio tiene lugar en la crudeza de lo real para llevar a cabo esta fantasía de los orígenes.

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