29 juin 2023
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Nicolas Brucker, « Théâtre et société dans les comédies du P. Du Cerceau », HAL SHS (Sciences de l’Homme et de la Société), ID : 10.4000/134po
Le succès des comédies de Jean-Antoine Du Cerceau (1670-1730), qui se vérifie tant dans les spectacles produits que dans les nombreuses éditions qui jalonnent le siècle, s’explique par l’adéquation entre une spiritualité et une forme artistique : la philosophie de l’action, typique de la pensée ignatienne, trouve dans l’art dramatique une expression naturelle. Le théâtre se veut une exercitatio, dont l’enjeu est la formation de l’individu en vue de la réalisation d’un projet collectif, et qui par son caractère concret fait sentir à l’enfant le bien-fondé des préceptes de la morale dont on lui inculque les principes. Par l’action théâtrale, la religion devient applicable, prouvant par là non seulement qu’elle est compatible avec la vie sociale, mais qu’elle en est le premier soutien. La légèreté apparente des pièces, dont l’efficacité comique est irréfutable, couvre donc des enjeux dont on ne peut contester le sérieux : l’établissement des fils, l’honneur des pères, la ruine ou la prospérité des familles. Ce théâtre est en phase avec son temps ; il fait écho à l’actualité, que ce soit par les débats pédagogiques, les questions de mœurs ou les allusions littéraires. Plus encore, il manifeste un état de la société, où la sphère publique l’emportant sur les aspirations personnelles, il n’est d’autre choix pour le fils que de se soumettre à l’autorité du père. En jésuite, Du Cerceau veut que ce soit librement. Aussi ce théâtre est-il d’abord une école de la liberté.