2001
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Louis Rulleau et al., « Géologie et paléontologie des dépôts ferrugineux du Toarcien et de l’Aalénien aux environs de Lyon », Travaux et Documents des Laboratoires de Géologie de Lyon (documents), ID : 10670/1.08a6ef...
Les gisements toarciens et aaléniens de la région lyonnaise, plus particulièrement ceux de La Verpillière, sont célèbres dans le monde des paléontologues, amateurs aussi bien que spécialistes. De nombreux types et figurés d’ammonoïdes en proviennent, suite au travail fondateur de Dumortier (1874), prolongé par des études qui se sont succédées depuis plus d’un siècle. Cette référence typologique souffre cependant de l’incertitude du repérage stratigraphique en raison de l’extrême condensation des niveaux fossilifères qui sont souvent minéralisés en fer. En outre, la majeure partie des anciennes collections provient de récoltes imprécises réalisées par les mineurs. La première partie du présent travail constitue un historique des exploitations minières et des recherches qui se sont succédées depuis plus de 150 ans, car elles ont fourni l’essentiel du matériel des anciennes collections. Une synthèse des données plus récentes, établies depuis 40 ans et dispersées dans divers articles et dans des ouvrages inédits, est présentée en répartissant les gisements en trois grands secteurs : l’Ain (Bugey), l’Isère (Île Crémieu et dépendances), le Rhône (Mont d’Or lyonnais et Beaujolais). Ces régions s’inscrivent près de la frontière méridionale de la “plate-forme orientale” de la France mais chacune subit une évolution dynamique relativement indépendante, ce qui indique le jeu d’un découplage tectonique régional, interférant avec les contrôles globaux. Ainsi, la zone résistante Pilat - Vienne - Chamagnieu, de direction varisque WSW-ENE se poursuit vers l’ENE par un haut-fond Chamagnieu (Antouillet) - Hières-sur-Amby pendant le Toarcien. Le Lyonnais, le Beaujolais et le Bugey sont alors plus subsidents et plus profonds. La situation se modifie au cours de l’Aalénien : la bordure lyonnaise s’inscrit alors dans une plate-forme carbonatée de haute énergie qui prograde vers l’Est où s’étend une plate-forme plus profonde et affamée dont le caractère condensé et lacuneux de la sédimentation est accentué par des montées épisodiques de l’hydrodynamisme. La situation se modifie à nouveau au début du Bajocien avec la rétrogradation très lente des faciès calcaréo-siliceux (bassin, plate-forme distale) depuis l’axe, alors ennoyé, d’Antouillet - Saint-Quentin (Vienne - Chamagnieu) en direction de la plate-forme lyonnaise, à l’ouest. Un inventaire biostratigraphique détaillé des faunes d’ammonoïdes est ensuite établi, grâce au repérage des récoltes récentes au sein même des bancs. Il tient compte des mises au point récentes et des progrès dans la connaissance des successions fauniques. Le doute quant à la provenance de nombreuses espèces a ainsi pu être levé. Cet inventaire est accompagné par une étude systématique critique, en particulier pour les Hammatocerataceae. De nouvelles espèces sont proposées : Hildoceras ameuri, Pleydellia (Cotteswoldia) fuselieri, Pseudammatoceras clocheri, Abbasites (Ambersites) lelievrei ainsi que les genres Crestaites et Cagliceras. Les conclusions d’ordre paléobiogéographique soulignent les similitudes des phénomènes biosédimentaires entre la région étudiée et la bordure sud-téthysienne, ce qui a influencé la répartition paléobiogéographique de nombreux taxons d’ammonoïdes. Une liste révisée des ammonites figurées par Dumortier (1874), Riche (1904), Roman (1913), Roman et Boyer (1923) et Elmi (1963) est donnée en annexes.