2016
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Pierre Thévenin, « Le droit hors de compte. L'aiguillage managérial de la discrétion policière. », HAL-SHS : philosophie, ID : 10670/1.08t1bf
En décrivant l’action discrétionnaire des services de police comme une forme latente d’abus de pouvoir, on a souvent méconnu une distinction que le droit — en l’espèce administratif — aménage de manière explicite. Pour un juge, dire qu’un acte relève de la discrétion, c’est le soustraire au contrôle de la loi. C’est non seulement dénier qu’il constitue un abus et un crime, mais renoncer à en examiner le bien-fondé, par respect pour la liberté de l’administration. Cette théorie nous offre une pierre de touche importante pour comprendre la manière dont l’évolution récente du management de la police affecte le régime d’action des forces de l’ordre. Loin d’impliquer une inflation scandaleuse du domaine de l’arbitraire policier — comme le laissent souvent entendre les études critiques de sociologie pénale — la nouvelle gestion confisque au contraire la liberté des agents de faire preuve de discrétion, c’est-à-dire d’apprécier la manière opportune d’appliquer la loi.