2018
Cairn
Lucien Calvié, « Philosophie, littérature et politique : le romantisme allemand et sa critique hégélienne », Romantisme, ID : 10670/1.09u9ug
Le débat politique récurrent sur le romantisme allemand porte en particulier sur la filiation romantisme-nazisme, une tradition critique française voyant dans ce romantisme un courant opposé à 1789, avec changement de paradigme, au tournant du xviiie au xixe siècle, d’une référence encore antiquisante, « éclairée » et jacobine à une référence désormais médiévisante, catholicisante et réactionnaire. De la centralité du Sujet kantien à la souveraineté du Moi fichtéen, le romantisme allemand emprunte beaucoup à un idéalisme philosophique auquel s’oppose l’affirmation hégélienne de l’unité dialectique du réel et du rationnel, d’où la critique de la vacuité du romantisme ironique et cynique. Au-delà de Hegel, certains hégéliens critiques (Heine, puis plus encore Ruge) radicalisent la critique hégélienne du romantisme, Ruge déplaçant même le débat sur la rémanence du romantisme chez un Heine tout aussi « déchiré » que son époque.