2024
Cairn
Marie Llabador et al., « Quelles pratiques en assistance médicale à la procréation devant un patient à risque viral ? », Médecine de la Reproduction, ID : 10670/1.0a3d76...
Les règles liées aux bonnes pratiques cliniques et biologiques en assistance médicale à la procréation (AMP) relatives à la prise en charge des patients infectés par le VIH ou les virus de l’hépatite B (VHB) ou C (VHC) ont changé plusieurs fois depuis 2001, jusqu’au dernier arrêté, datant du 5 octobre 2023, qui abandonne définitivement le terme « risque viral » et permet à l’ensemble des établissements autorisés à pratiquer les inséminations intra-utérines ou les techniques d’AMP de prendre en charge ces patients. Les recommandations, qui étaient jusqu’alors détaillées, ont totalement disparu puisqu’il ne subsiste désormais que l’obligation d’une prise en charge pluridisciplinaire. Il est donc maintenant nécessaire de baser la prise en charge de ces patients sur les recommandations d’infectiologie et d’hépatologie liées à ces différents virus. Concernant la prise en charge des patients VIH, elle s’articule autour de la mise en place systématique d’un traitement antirétroviral depuis au moins six mois, qui permet le contrôle de la charge virale VIH et du taux de lymphocytes CD4+. Il est important de s’assurer de la bonne observance et de l’efficacité du traitement, avec un objectif de charge virale + > 200/mm3, ainsi que de l’absence d’infection urogénitale. Pour la patiente susceptible de porter l’enfant, il est important de s’assurer que le traitement antirétroviral est bien compatible avec la grossesse. Pour les porteurs du VHB, en cas d’absence de traitement, il faut s’assurer que la charge virale reste stable et < 2 000 UI/mL et que le virus n’a pas de retentissement sur la fonction hépatique. Dans le cas contraire, il faudra discuter la mise en place d’un traitement compatible avec le projet d’enfant. Concernant le conjoint ou la conjointe de la personne infectée, il est impératif de s’assurer de son immunité contre le VHB. Pour les patients infectés par le VHC, l’existence d’un traitement curatif entraîne que chaque patient porteur du virus doit être traité avant toute prise en charge en AMP, la prise en charge avant la mise en place d’un traitement curatif doit être exclusivement réservée aux urgences. Concernant les oncovirus de type virus T lymphotropique humain, ils peuvent être recherchés chez les patients originaires de zones d’endémie comme le sud-ouest du Japon, les Caraïbes, l’Amérique Latine, l’Afrique tropicale et certaines régions du Moyen-Orient et d’Australo-Mélanésie. Le but essentiel de ce dépistage est de prévenir la transmission à l’enfant à naître et au conjoint ou à la conjointe. La prise en charge des patients infectés par un ou plusieurs de ces virus ne doit en aucun cas motiver à elle seule la prise en charge en AMP ; celle-ci doit être liée à l’existence d’une infertilité.