Chapitre 9 – Transformation des régions cultivées : différenciation des exploitations et extension de l'irrigation

Résumé En Fr

In the 1980s agriculture and herding in the cultivated arid margins seemed doomed to an inevitable decline. The intensification of cereal production was followed by a noticeable decrease in the yield of barley. Moreover, the large majority of farms are less than 20 hectares, considered to be the minimum surface necessary for a rain-fed farm to provide for the needs of an average family. These characteristics explain the increasing importance of temporary migrations since the 1970s. Twenty years later, the diagnosis of decline appears invalidated by the facts. There is an observable process of differentiation in production and in farming. The most noticeable development in animal breeding is the rapid growth, in the region of Salamiya, of poultry farming for meat production. Since the middle of the 1990s, olive groves have extended rapidly. Archaeological evidence indicates that olive groves covered large areas in the Byzantine period; they are well adapted to the conditions of this environment. However, this is a middle- or long-term investment whose profitability is not certain. The irrigated areas have increased considerably since the 1980s due to the use of the waters of the Euphrates in the north of the study zone and to the increase in individual wells in the south. These transformations are clearly opposed to the prevailing image of uniformity of the arid margins and their poor potential, as much in the administration as in agronomic research. The dynamic of transformation and adaptation of agriculture in the arid margins raises new questions, especially regarding the inequality of access to resources and to their management as well as the commercialisation of olive oil.

Dans les années 1980 l'agriculture et l'élevage des marges arides cultivées semblaient voués à un déclin inéluctable. L'intensification de la production céréalière fut suivie d'une baisse sensible des rendements en orge. Par ailleurs, la grande majorité des exploitations ont une taille inférieure à 20 ha, considérée comme la surface minimale pour qu'une exploitation d'agriculture pluviale puisse subvenir aux besoins d'une famille moyenne. Ces caractéristiques expliquent l'importance croissante des migrations temporaires depuis les années 1970. Vingt ans plus tard, le diagnostic de déclin semble infirmé par les faits. On observe un processus de différenciation des productions et des exploitations. L'évolution la plus marquante dans le domaine de l'élevage est le développement rapide, dans la région de Salamya, de l'aviculture destinée à la production de viande. Depuis le milieu des années 1990, les vergers d'oliviers sont en extension rapide. Cette production dont les vestiges archéologiques attestent qu'elle occupait des surfaces importantes à l'époque byzantine, est bien adaptée aux conditions du milieu. Il s'agit d'un investissement à moyen ou long terme dont la rentabilité n'est toutefois pas assurée. Les surfaces irriguées ont considérablement augmenté depuis les années 1980 du fait de l'utilisation des eaux de l'Euphrate au nord de la zone d'étude et de la multiplication des puits individuels au sud. Les transformations s'opposent nettement à l'image d'uniformité des marges arides et de faibles potentialités qui prévaut souvent, tant dans l'administration qu'en matière de recherche agronomique. La dynamique de transformation et d'adaptation de l'agriculture des marges arides soulève de nouvelles questions, portant notamment sur les inégalités d'accès aux ressources et à leur gestion ainsi que sur la commercialisation de l'huile d'olive.