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Florence Guillot, « La porte des Ormeaux ou Grand Portail, la maison Fabre et la maison Cordierà Cordes-sur-Ciel (Tarn) — Travaux 2024: Rapport de Prospection Thématique archéologique », HAL SHS (Sciences de l’Homme et de la Société), ID : 10670/1.0b936e...
L’actuelle recherche archéologique sur la porte des Ormeaux et les maisons Fabre et Cordier à Cordes-sur-Ciel (81) est conduite du fait de la nécessaire restauration de la façade nord de la maison Fabre par la Société des Amis du Vieux Cordes. C’est une opération prévue durer 6 ou 7 ans.Une année de préfiguration a été suivie d’une première année de Prospection Thématique (2023). Elles ont permis de repréciser le contexte historique diachronique des fortifications et de la croissance urbaine à Cordes et plus particulièrement de la porte des Ormeaux et des maisons de la fin du Moyen Âge. En 2022, une première étude de la façade nord de la maison Fabre, qui s’avère le mur le plus en danger, avait été réalisée, puis a été poursuivie en 2023. Une autre maison adossée à la façade de la maison Fabre, dite maison Cordier, a alors été étudiée. En 2024, les levés photogrammétriques de bâtis ont été complétés, y compris par drone en contexte urbain ou en vol manuel. La synthèse des éléments de façades au nord et l’étude de la façade sud de la maison Fabre et du mur latéral ouest ont permis des découvertes particulièrement importantes, mais les espaces et refends restent encore à étudier, ainsi que l’entière porterie des Ormeaux. En parallèle les études documentaires, sources figurées ou textuelles progressent chaque année.L’enceinte capétienne du bourg de Cordes proposée par nombre d’auteurs avoir été construite au cours du troisième quart du XIIIe siècle prend la forme dans ce secteur d’un mur crénelé — accolé à un châtelet d’entrée — festonné en parement externe et non pas en interne. Il atteint entre 2,7 et 3,3 m d’épaisseur. Les bâtis anciens y sont difficiles à mettre en évidence tant ils sont remaniés, largement détruits ou plusieurs fois modifiés y compris jusque par les restaurations de l’extrême fin du XXe siècle. Les figurations ou témoignages conservés avant ces modifications sont presque inexistants et concernent plus souvent la partie éminente du monument, la porterie des Ormeaux. L’étude des bâtis a pourtant découvert que la courtine de style capétien était dotée d’un dispositif de défense de grande ampleur. À peu de distance du châtelet à sas, mais ouverte vers le nord, existait à travers l’enceinte une haute poterne à double voussure atteignant au moins 5 m de hauteur au-dessus du niveau de circulation extérieur. À l’instar des enceintes de style capétien des portes de villes du XIIIe siècle, cette poterne monumentale était peu large (env. 1,4 m) et très ascendante à travers le rempart de ville. Sa défense était perfectionnée et utilisait des équipements qu’on connaît dans les enceintes des villes de la moitié nord de la France. L’espace entre les deux voussures hébergeait la gaine d’une herse dont la fosse de 10 m de haut était aménagée juste derrière l’enceinte. À l’ouest, une haute ouverture de tir surveillait l’accès à la poterne. Équipement très original, son flanc ouest était doté d’une tourelle peu large, probablement de la hauteur de l’enceinte, qui s’avançait de 5 m au-devant de la muraille à la manière des tours albarranes connues à cette époque autour des murs de villes de la Péninsule ibérique. Enfin, une fente à mi-hauteur dans l’enceinte aidait à la communication avec la tourelle albarrane depuis l’arrière du mur d’enceinte.Au moins une autre tour albarrane exactement identique a été repérée dans l’enceinte supérieure de la ville de Cordes, présageant qu’il pourrait exister d’autres poternes du même type et qu’il pourrait s’agir d’un programme architectural à l’échelle de cette bourgade.La construction de la maison Fabre et de la maison Cordier a considérablement modifié cette enceinte à la fin du Moyen Âge ou au début des Temps Modernes. Le sud de la maison Fabre est érigé au-dessus de l’enceinte, et la maison Cordier contre et au-delà du mur de ville. La maison Fabre s’appuie à l’ouest contre la tour nord de la porterie qui est préexistante. À l’est, une autre maison en gros oeuvre en pierre, la maison Espiès, est construite ensuite contre la maison Fabre. La détermination de la datation absolue de l’origine cet ensemble immobilier demandera probablement une analyse dendrochronologique. Sa fonction marchande ou artisanale reste à prouver. À Cordes, les arcades coalescentes des RDC des maisons bourgeoises sont un programme architectural ostentatoire pendant des siècles et non pas forcément un programme toujours purement fonctionnel.À l’origine comme au début du XIXe siècle la maison Fabre aurait pu être partagée entre plusieurs propriétaires ou occupants. C’est surtout entre le XVIIIe siècle et le XXe siècle qu’eurent lieu le plus de modifications des façades, étages et toiture deces maisons, généralement à objectif(s) résidentiel(s). Au sud, la façade sur rue de la maison Fabre a été tout autant remaniée qu’au nord, mais avec beaucoup plus de soins, et toujours avec une grande régularité et homogénéité dans la mise en oeuvre des nouvelles constructions.