23 décembre 2023
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Charles Lemarchand et al., « Régime alimentaire de la loutre d'Europe (Lutra lutra) dans le Massif central (Auvergne, France) : variations spatiales et saisonnières entre deux sites d'étude », BIOM - Revue scientifique pour la biodiversité du Massif central, ID : 10.52497/biom.v4i1.323
Afin d’évaluer la stratégie de prédation et ses variations au cours d’une dynamique de population active, le régime alimentaire de la loutre d’Europe (Lutra lutra) a été étudié au cours d’un cycle annuel dans deux sites d’études, respectivement dans le bassin de la rivière Allier en Haute-Loire et dans des marais, ruisseaux, rivières et étangs des Combrailles dans le Puy-de-Dôme. L’étude a consisté à identifier des restes de proies contenus dans les déjections de l’animal (épreintes), collectées selon un protocole adapté. L’essentiel (74% à 89%) de la biomasse capturée a concerné les poissons de taille modeste (moins de 17,5 cm). Pour chaque site les proies les plus abondamment consommées ont été les espèces dominant les peuplements ichtyologiques, dans les spectres de taille où les individus étaient les plus nombreux et les plus accessibles, ce qui correspond au mode de prédation le plus efficace sur le plan énergétique. Les écrevisses, les amphibiens et dans une moindre mesure les reptiles et les mammifères semi-aquatiques ont constitué des proies complémentaires, parfois abondantes à certaines périodes. Des variations spatiales et saisonnières de la diversité des espèces capturées et de leur contribution à la biomasse totale ingérée ont été observées entre les sites et au cours de l’année d’étude, respectivement. L’antériorité des données piscicoles, augmentée de l’étude de paramètres complémentaires (suivi des populations d’écrevisses à pattes blanches par exemple) a montré que le retour ou le rétablissement des populations de loutres n’a pas entrainé de régression des peuplements des espèces leur servant de proies. Au-delà du suivi de la dynamique de population, l’étude du régime alimentaire d’un super-prédateur comme la loutre est donc un élément supplémentaire de la connaissance de la diversité, du fonctionnement et de la gestion d’un habitat aquatique et humide donné, mais aussi de son évolution face à des perturbations d’origine naturelle ou anthropique.