2025
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Thierry Luginbühl et al., « Prélude aux réflexions archéologiques. Comparaisons ethnographiques et appréhension des phénomènes guerriers protohistoriques : considérations générales et focus sur les cultures nagas et népalaises », HAL SHS (Sciences de l’Homme et de la Société), ID : 10670/1.0e104d...
Alors que les préhistoriens ont précocement eu recours à des comparaisons ethnographiques pour tenter d’interpréter leur documentation, la recherche protohistorique n’a que peu exploité cette approche, probablement éclipsée par la possibilité d’une confrontation de son information à des sources littéraires indirectes. Conçu comme un « prologue » aux actes du Colloque, le présent article a eu pour but de rappeler et d’illustrer le potentiel du croisement de données archéologiques et ethnographiques, ainsi que du développement d’études spécifiquement ethnoarchéologiques, pour une meilleure appréhension des phénomènes culturels protohistoriques, en nous concentrant ici sur le domaine militaire. Après quelques considérations générales sur l’importance et les formes de la guerre dans les cultures traditionnelles connues par l’ethnographie, des Aborigènes australiens aux Papous et aux cultures africaines, cette étude se concentre sur les traditions guerrières des ethnies nagas (frontière indo-birmane), puis sur celle du Piémont himalayen (anciens royaumes hindous et peuples « indigènes » du Népal), dont différentes caractéristiques (types d’équipements, de conceptions et de pratiques) invitent particulièrement à des comparaisons avec les cultures protohistoriques européennes. Comparaison, naturellement, n’est pas raison, mais nous tenterons de montrer ici que la confrontation entre réalité ethnographique et données archéologiques peut élargir et affiner l’analyse de ces dernières, par une ouverture à d’autres systèmes de pensée et de références. Nous prendrons notamment comme exemple le cas des « accroupis gaulois », dont le dossier trouve un parallèle très proche dans le domaine hindou sous le nom de veergati, désignant l’autosacrifice volontaire de guerriers aux blessures incurables.