Escalade policière contre la protestation et dommages humains lors des réformes des retraites en 2010 et 2023

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28 février 2025

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Résumé En Fr

The management of public protest is tending to move away from a model of dispersing demonstrators through the use of force towards a model aiming for a better balance of rights. Is this true in France? The French policing system has changed considerably over the last ten years, both in terms of police tactics and their codification, and in terms of the number of demonstrators killed, maimed and injured. However, comparing periods “all other things being equal” is complicated by the diverse nature of the events that take place: the motives of the protesting public and the composition of the participants evolve. In order to measure differences between homogeneous phenomena, we compare the major mobilizations of 2010 and 2023 against pension reform. On both occasions, clashes between police and demonstrators took place, mainly with high school students and autonomists in 2010, and with the black bloc in 2023. Our results reveal a major escalation of violence during policing between these two dates, a higher number of injured officers and participants, but also a clear underestimation by the authorities of the damage inflicted on demonstrators. These results are consistent with the idea of a more offensive approach to policing, involving not only more arrests, but also more aggressive use of shock groups (special units for physical confrontation) and less lethal firearms. The police tactic of escalating the use of coercion causes more damage to both police officers and participants, and is far bloodier if we refer to the number of mutilations among the latter.

La gestion de l’ordre public tendrait à s’éloigner d’un modèle de dispersion des manifestants par l’usage de la force vers un modèle visant à un meilleur équilibre des droits. Est-ce vrai en France ? Le régime français du maintien de l’ordre s’est considérablement modifié depuis près d’une dizaine d'années lorsqu’on considère d’une part les tactiques de la police et leur codification, mais aussi le nombre de morts, mutilés et blessés parmi les manifestants. Cependant, il est compliqué de comparer les périodes « toutes choses égales par ailleurs » car les événements qui s’y déroulent sont de natures diverses : les motifs des publics qui protestent et la composition des participants évoluent. Afin de mesurer des écarts entre phénomènes homogènes, nous comparons les grandes mobilisations de 2010 et 2023 contre la réforme des retraites. Par deux fois, les clashs entre police et manifestants ont pris place, surtout avec des lycéens et des autonomes en 2010 et avec le black bloc en 2023. Nos résultats dévoilent une grande escalade de la violence au cours du maintien de l’ordre entre ces deux dates, un plus grand nombre d’agents et de participants blessés, mais aussi une nette sous-estimation par les autorités des dommages infligés aux manifestants. Ces résultats sont cohérents avec l’idée de l’entrée en vigueur d’une approche policière plus offensive faite d’interpellations, mais aussi plus agressive avec un usage renforcé de groupes de choc (des unités spéciales pour aller à la confrontation physique) et d’armes à feu à létalité réduite. La tactique policière d’escalade dans l’usage de la coercition engendre plus de dommages chez les policiers et les participants, et se révèle bien plus sanglante si l’on se réfère au nombre de mutilations chez ces derniers.

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