Représentation(s) du travail dans les récits de voyage de pasteurs germanophones à la fin du XVIIIe siècle

Résumé Fr

Les récits de voyage de pasteurs germanophones de la fin du dix-huitième siècle sont riches en critiques de toutes sortes concernant les régions visitées, autant dans leur pays d'origine qu’à l’étranger. De nombreuses représentations de la réalité perçue (villes, paysages, société, industrie, art) sont ainsi empreintes d’une certaine négativité voire de suspicion. S’il est un domaine qui les passionne par-dessus tout, c’est bien le monde du travail, des champs à la manufacture : les critiques acerbes de certains dysfonctionnements se trouvent parfois compensées par l’éloge d’une bonne exploitation et de la tâche bien faite. Car pour ces hommes, le travail, souvent stigmatisé par une société dont l’idéal reste le loisir et l’oisiveté, perd ses marques infamantes pour devenir une activité créatrice, clef de la mobilité sociale et de l’enrichissement de la société. Et il concerne, dans sa dimension culturelle, les genres de vie et les valeurs pour lesquels ils sont prêts à se mobiliser. Il est légitime de s’interroger sur les raisons religieuses, éthiques, philosophiques, sociales ou esthétiques qui conduisent à une position aussi marquée et d’étudier la variabilité des attitudes d’un récit à l’autre.