2019
Cairn
David Koistinen et al., « Offshoring, outsourcing and global production networks in historical context », Entreprises et histoire, ID : 10670/1.0gizwn
La délocalisation des fabrications implique la production dans des sites à l’étranger de biens à vendre sur le marché intérieur. Elle diffère donc à la fois du commerce extérieur et de l’investissement direct à l’étranger. Elle s’est développée dans les années 1950 et 1960, même si ses origines remontent aux plantations européennes outremer et aux avant-postes commerciaux des débuts des temps modernes. Dans le passé la production à l’étranger impliquait la mobilité de la main-d’œuvre comme du capital. Au XXe siècle la mobilité ouvrière décline, ce qui crée des incitations pour le capital à trouver du personnel dans des pays à bas salaires. Nous étudions spécifiquement l’émergence des délocalisations dans le secteur crucial de l’électronique au cours des années 1960, en particulier en Asie orientale. Puis nous examinons l’essor dans les décennies ultérieures d’un système plus complexe de « production globale » dans lequel des firmes répartissent le processus de fabrication entre de multiples pays. Les délocalisations ont contribué à la croissance économique et à la diversification dans les zones accueillant les nouvelles installations productives, tout en provoquant des destructions d’emplois et des déséquilibres sociaux dans les pays développés où la production a décliné. Les délocalisations ont ainsi détérioré la compétitivité des pays développés. C’est ce que montre dans les années 1980 la montée à Taiwan – et non aux États-Unis – d’un système innovant de production de semi-conducteurs. Cette percée a été rendue possible par le fait que Taiwan avait commencé par avoir le rôle de pays d’accueil de délocalisation du montage des semi-conducteurs.