Des corps hypermodernes

Résumé Fr En

Dans nos sociétés contemporaines, le corps est devenu une sorte de terminal pour l’individu, un objet fluide, transformable, un work in process. Pour les uns, il s’agit de le transformer, de s’en jouer, d’autres veulent s’en débarrasser, la plupart, sans doute, ne s’en soucient guère, ils le considèrent comme l’incarnation de leur expérience du monde et ne songent nullement à le congédier ou à l’« améliorer ». Ainsi des centaines de millions de marcheurs à travers le monde disent leur bonheur de vivre l’incarnation sensible de leur rapport au monde, sans souci de performance ou d’efficacité. Pour le transhumanisme, il est surnuméraire, lieu de la fragilité de la condition humaine il convient de s’en débarrasser. Les limites du corps interrogent les limites du lien social et les limites de soi.

In our contemporary societies, the body has become a sort of terminal for the individual, a fluid object, transformable, a work in process. For some, it is a matter of transforming it, of playing with it, others want to get rid of it, the majority, no doubt, care little about it; they consider it as the incarnation of their experience of the world and have no wish to get rid of it or to “improve” it. Thus hundreds of millions of walkers across the world speak about their joy of experiencing the tangible incarnation of their relation to the world, without being concerned about performance or efficiency. For transhumanism, it is supernumerary; as the locus of the fragility of the human condition, it is best to get rid of it. The limits of the body raise questions about the limits of social links and the limits of oneself.