L’apport de la phénoménologie clinique aux cliniques de l’extrême déficit : Enjeux épistémologiques, éthiques et pratiques

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2017

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Jeanine Chamond et al., « L’apport de la phénoménologie clinique aux cliniques de l’extrême déficit : Enjeux épistémologiques, éthiques et pratiques », Perspectives Psy, ID : 10670/1.0mo32h


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Les cliniques de l’extrême déficit nous confrontent aux limites de l’humain et à l’étrangeté radicale de patients dont l’humanité est évaluée versus dévaluée en fonction de leurs capacités. Or, le manque radical de compétences, l’incompréhensibilité des tableaux cliniques renvoyés à l’opacité d’une pure organicité, l’incommunicabilité de leur monde, tout concoure à induire la révocation de leur humanité, au risque qu’une maltraitance plus ou moins larvée infiltre les soins quand ils sont donnés à des corps plutôt qu’à des personnes. Notre thèse est que la phénoménologie clinique amène une conversion de regard dans la rencontre du sujet démuni : sa nouvelle modélisation de l’homme comme Présence et Être-là est sans évaluation possible. Le symptôme, reconsidéré dans sa logique existentielle sous-jacente, gagne en compréhensibilité. La rencontre thérapeutique vise à pénétrer le monde privé du patient pour mieux le ramener dans le monde commun. Ces trois axes concourent à réduire l’étrangeté radicale du patient. Notre analyse s’appuie sur deux champs cliniques : un cas d’automutilation chez un patient handicapé mental rapporté par Paul Jonckheere, montrant que la compréhension de son monde devient un levier thérapeutique efficient. Puis l’analyse phénoménologique de la démence sénile d’Arthur Tatossian, qui guide notre pratique en gérontologie, permet d’appréhender la démence en deça ou au-delà des troubles de la conscience et la deshumanisation comme une présence au monde particulière. Le passage d’une clinique de la perte à une clinique du lien est possible quand l’intersubjectivité et le maintient du patient dans la communauté humaine sont ressaisis comme l’essence même du soin.

The clinics of extreme deficit confront us with limitations of the human being and the radical strangeness of patients whose humanity is evaluated versus devaluated according to their capacities. But the radical lack of competence, the incomprehensibility of the clinical feature which make reference to the opacity of a pure organicity, the incommunicability of their world, all that contributes to induce the revocation of their humanity, at the risk of mistreatment nearly latent infiltrates care when it is given to bodies rather than to individuals. Our thesis is that clinical phenomenology brings a new look at the meeting of the destitute subject : its new modeling of the man like Presence and Being-there has no possible evaluation. The symptom, reconsidered in its underlying existential logic, gains in comprehensibility. The therapeutic meeting targets to penetrate the private world of the patients to better take them into the common world. These three axes converge to reduce the radical strangeness of the patient. Our analysis is based on two clinical fields : a case of self-mutilation in an intellectually disabled patient reported by Paul Jonckheere, which shows that the comprehension of his world becomes an efficient therapeutic lever. Then the phenomenological analysis of the senile dementia of Arthur Tatossian, which guides our practice in gerontology, allows us to apprehend the dementia beyond the troubles of conscience and the dehumanization as a presence in a private world. The passage from a clinic of the loss to the clinic of connection is possible when the intersubjectivity and the keeping of the patient in the human community are pulled together like the real essence of care.

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