2020
Anne Simon, « Literature and Animal Expressiveness: of the Cognitive and Ethic Aspects of Zoopoetics », HAL-SHS : littérature, ID : 10670/1.0omgze
La zoopoétique a pour objectif de mettre en valeur la pluralité des moyens stylistiques, linguistiques et narratifs qui permettent aux écrivains de restituer la diversité des comportements, des affects et des mondes animaux, tout comme la complexité des interactions des humains et des bêtes. Son objectif est d’interroger à nouveaux frais les structures narratives et syntaxiques, les alternances de rythmes et de points de vue, ou les innovations thématiques qu’un auteur met en jeu pour évoquer l’animalité, parfois avec difficulté. En effet, les manières d’écrire permettent à un auteur d’engager le lecteur dans le monde d’une bête singulière ; elles lui permettent, aussi, souvent, de lui évoquer comment ce monde lui échappe. Si cette tache que se donnent écrivains et philosophes est possible, c’est que, en réalité, les animaux ne sont pas de purs aloga : ils ne cessent de mettre en œuvre des stratégies de communication, d’en transmettre les modes d’une génération à l’autre ou, romanciers en puissance, de « raconter des histoires ». Pour restituer la complexité du perspectivisme littéraire et ses tentatives pour nous faire pénétrer des milieux animaux, tentatives dont il n’est pas de raison a priori pour qu’elles soient vouées à l’échec, il faut rendre compte de deux topoï plurimillénaires : la métamorphose et l’hybridité. Les différentes formes de la vie sont en relation et en interdépendance avec une archè – origine, cause, refuge, séjour, Terre – qui, pour être perçue selon des modalités sensori-motrices différentes par chaque espèce, n’en est pas moins le socle où se meuvent l’ensemble des vivants. Il est temps que les humains cessent d’envisager cette demeure en position de surplomb, comme s’il n’y était pas engagés.