3 mars 2022
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Isabelle Dumas, « Le polemos proustien : figures et figurations de l’agressivité dans l’œuvre de Marcel Proust », HAL-SHS : littérature, ID : 10670/1.0oqmjq
La première partie de cette thèse se consacre à l’agressivité proustienne destructrice et involontaire. Elle s’attache au thème de la cruauté par ambition, rivalité, profanation des figures maternelles, intérêt pécunier ou mondain, contamination du milieu, lâcheté, ou sous l’emprise d’une sorte de fatalité. Notre deuxième partie, portant sur l’agressivité proustienne destructrice et volontaire, est d’abord consacrée au thème du sadisme, exercé dans une recherche de toute-puissance, par opportunisme, oisiveté ou proximité, notamment par effet d’entraînement. D’autre part, un faux sadisme, théâtral, ludique, érotique, révèle une cruauté véritable et, dans certains cas, des motivations purement alimentaires. Notre étude de l’agressivité nous amène ensuite à celle d’un masochisme proustien permettant d’exister socialement, à travers une identité par défaut, ou de poursuivre la recherche d’un moi augmenté et extrême, dans la sexualité ou le sacrifice narcissique de soi. Notre troisième partie aborde la généalogie d’une agressivité proustienne créatrice, d’abord par l’étude du voyeurisme. L’œil proustien, qui voit sans être vu, jouit d’une puissance scopique instructive et inspirante, avant de se muer en regard artiste, un voir-pouvoir qui canalise son agressivité dans la création démiurgique. Nous étudions enfin les cycles agressifs proustiens qui sous-tendent des relations de jalousie-amour-haine, thèmes intimement liés à la recherche de la vérité. Ces cycles présentent une agressivité multiforme où la cruauté, le sadisme, le voyeurisme et une part de masochisme interviennent, principalement à travers l’emprise et la destruction, avant de trouver salut et sublimation dans l’art.