9 septembre 2019
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Dénali Boutain, « Le “gourmand“, entre imaginaires (ré)inventés et diversification des pratiques montagnardes. Images et discours en Savoie », HAL-SHS : géographie, ID : 10670/1.0q0fcp
Les imaginaires touristiques peuvent être définis comme un ensemble de représentations partagées ; ce sont des imaginaires spatiaux porteurs de sens (Salazar et Graburn (eds.) 2014) qui participent de la création d’un modus vivendi (Gravari-Barbas et Graburn 2012, p.1). Ainsi, les imaginaires touristiques liés à la montagne agissent sur la manière dont les individus ou les groupes s’approprient la montagne (Debarbieux et Rudaz cités dans Ibid., p. 2). Jean-Paul Bozonnet a bien montré comment, dans certaines publicités, les habitants permanents vendent n’importe quel produit à travers l’image de la montagne. L’exemple de la montagne fromagère est significatif : car si fromages et paysages relèvent a priori de régimes différents de l’imaginaire (la dissymétrie principale s’articulant autour des deux régimes diurne et nocturne), il faut par exemple chercher les mécanismes qui amènent les touristes à percevoir le Beaufort comme un fromage d’alpage, de haute-montagne, comme un produit " pur et sain ", alors même que la production de ce dernier est essentiellement estivale (Faure 1999) – cela interroge aussi le rôle du touriste dans la construction de cet imaginaire gastronomique et, plus généralement, du patrimoine (Lazzarotti 2011). L’enjeu de cette communication est donc double : d’une part, il s’agit d’interroger l’imaginaire du touriste, à la fois producteur du tourisme et élément imaginé lui-même (Gravari-Barbas et Graburn 2012) ; d’autre part, il s’agit d’étudier si ces imaginaires touristiques et gastronomiques induisent des comportement géographiques spécifiques (Staszak 2000), dans le but de mieux cibler cette clientèle gourmande encore méconnue.