2019
Cairn
James McDougall et al., « Laïcité, sociologie et histoire contemporaine de l’islam », Annales. Histoire, Sciences Sociales, ID : 10670/1.0qbzhe
Cet article propose de donner un nouveau cadre à l’histoire de l’islam au xxe siècle en repensant sa relation avec certaines catégories dominantes de la sociologie, notamment avec la thèse de la sécularisation. L’histoire mondiale de l’islam depuis la fin du xixe siècle a été façonnée par un paradoxe apparent entre deux de ses caractéristiques les plus significatives. La première a consisté en des appels persistants au renouveau, à la réforme et à l’unité des musulmans à travers le monde, ce qui tendait vers une unification ou un dépassement des anciennes formes de variation dans la tradition. La seconde s’est manifestée, au contraire, par une fragmentation croissante des structures d’autorité au sein de la tradition, par une prolifération des significations qui lui étaient attribuées et des formes de pratique adoptées pour l’incarner, ainsi que par une acuité renouvelée des conflits sectaires en son sein. C’est un paradoxe que seule peut appréhender une compréhension de l’islam en tant que pratique sociale ancrée dans les rapports entre États et religions, caractéristiques des sociétés modernes – et non de l’islam en tant que religion « médiévale » et exclusivement « résistante à la sécularisation ».