8 décembre 2000
Vincent Lowy, « La conférence de Munich à l'écran », HAL-SHS : sciences de l'information, de la communication et des bibliothèques, ID : 10670/1.0qw1mo
Par une série de rapprochements et de confrontations, il s'agit d'analyser la mémoire cinématographique de la conférence de Munich. En prenant la crise des Sudètes comme sujet de base, l'objet de cette étude est de montrer comment se structure la mémoire d'un événement capital dans la chronique circonstancielle de la montée vers la guerre et déterminant dans le contexte d'une étude des mises en forme de l'actualité. Par le déchiffrement de codes extrêmement variés, le document filmé peut, tout aussi légitimement que le document écrit, servir à la connaissance directe de l'histoire, en révélant par des moyens singuliers la spécificité du lien entre le contexte de production du film et sa lecture.Mais cette charge de révélation ne passe pas seulement par les signes évidents et porteurs de mémoire que révèle la narrativité de l'image mais aussi par des incidences ou récurrences représentationnelles qui procurent son historicité au récit filmique, c'est-à-dire son inscription dans une textualité seconde, qui échappe à toute prévision et apparaît avec le passage des années. En pratiquant un état des lieux méthodique des produits relatifs à notre objet, notre recherche aboutit à la mise en évidence d'un problème d'interprétation lié à la conférence de Munich, événement dont les représentations à l'écran pratiquent toujours une destruction du sujet historique. La notion de sacrifice structure le paysage moral dégagé par ces documents, fondant ainsi sur l'idée d'expiation la mythologie moderne qu'est devenu le nazisme.