1 octobre 2014
Joël Blondiaux et al., « À Saint Thomas d’Aizier (Eure) : la vie et la mort dans une léproserie médiévale normande », HAL-SHS : archéologie, ID : 10670/1.0rwuv0
La léproserie médiévale Saint-Thomas d’Aizier a été fouillée de 1998 à 2010 dans le cadre d’une fouille programmée. Situé en pleine forêt, cet établissement compte parmi les propriétés de l’abbaye de Fécamp (Seine-Maritime). Seule la chapelle romane, dédiée à Thomas Becket, subsiste aujourd’hui à l’état de ruines. Cette léproserie, petit édifice rural a priori sans importance notable, présente l’intérêt d’être intégralement conservée et offre ainsi l’opportunité très rare d’une fouille, sinon exhaustive, du moins la plus complète possible. Fondé vers la fin du XIIe siècle et abandonné au cours du XVIe siècle, l’établissement n’est plus fréquenté ensuite que de façon sporadique. Il est progressivement gagné par la forêt, ce qui a permis une fossilisation de l’enclos et la sauvegarde des vestiges. Une étude conjointe des sources historiques et archéologiques, alliée à la prise en compte de l’organisation de l’enclos et de son intégration dans son environnement, a permis de mieux comprendre cet établissement, son origine, son mode de fonctionnement et son évolution dans le temps. En outre, la fouille a apporté un éclairage sur les conditions de vie, sur la structuration des différents espaces et sur la population inhumée dans les espaces funéraires identifiés (plus de 220 sépultures exhumées). La population inhumée à Aizier est particulièrement intéressante pour l’étude de la lèpre au Moyen Âge, mais aussi pour connaître la perception de cette maladie et mieux appréhender ses implications sociales. Une étude typo-chronologique des modes d’inhumation, une analyse de la répartition des tombes selon divers critères de sélection (âges, sexe ou statut social des défunts) a été entreprise. Les résultats de l’analyse anthropo-biologique de laboratoire confirment une spécialisation des aires funéraires en rapport avec la vocation hospitalière de l’établissement. Les études épidémiologiques ont d’ores et déjà confirmé la part très importante de la lèpre parmi les pathologies observées.