8 janvier 2024
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Amanda Olivares Valencia, « Le dérobement de la loi : littérature et liberté chez Maurice Blanchot », HAL-SHS : philosophie, ID : 10670/1.0sws5z
Cette recherche se propose de soutenir que la loi, que nous considérons comme l’élément principal ou la manifestation la plus prépondérante du droit, est traversée par une dimension littéraire qui la compose. Cette dimension permet à la loi de ne pas se réduire à constituer une simple forme de langage qui cherche à maîtriser le rapport d’une conscience au monde et qui, dans ce sens, ne fait qu’assujettir. La dimension littéraire de la loi est ce qui permet au droit de s’accorder une dimension libératoire. Du moment que chez Blanchot la littérature est le langage qui met en question son propre sens, un langage qui éprouve le questionnement de soi-même, la loi pensée comme littérature est ouverte à l’expérience de la remise en cause du sens qui la détermine. Cette ouverture offre une dimension libératoire à la loi, elle lui permet de se différencier d’elle-même, de se confronter à son impossibilité et d’être toujours ouverte à l’irruption de l’inconnu, l’imprévisible, l’absolument autre. Ainsi, le questionnement de soi que constitue l’expérience littéraire signifie aussi ouvrir la loi à une dimension éthique qui la met en relation à cet autre avec lequel il n’y a rien en commun : l’étranger, le malade, le fou. La loi pensée comme littérature permet aussi de penser l’expérience communautaire non pas à partir de l’identité, mais à partir de la différence, en préservant l’absence pour l’avenir d’un autre inconnu, étranger, venu du dehors. Ainsi, penser la loi comme littérature permet d’ouvrir la loi à un dimension libératoire et à un questionnement éthique crucial sur son propre sens et sa propre justification.