15 octobre 2021
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Valérie Charolles, « La constitution du sujet et du monde contemporains à travers l'économie, la quantification et la technique. Épistémologie et Politique », HAL-SHS : sciences politiques, ID : 10670/1.0t0hva
Cette habilitation à diriger des recherches s’appuie sur quatre ouvrages publiés entre 2008 et 2021. Le rapport entre « les faits et les chiffres » y émerge comme une question philosophique essen-tielle. Caractériser le type de vérité qu’énoncent les chiffres, examiner les conventions utilisées pour les produire et faire émerger des jeux de conventions alternatifs désignant une pluralité de mondes possibles est un enjeu majeur de ces recherches. Dans le champ économique, elles diffé-rencient libéralisme et capitalisme en distinguant quatre strates (pratiques, normes, théories et discours), ouvrant vers une vision alternative de l’économie de marché, qui repose en particulier sur de nouvelles normes comptables, la comptabilité étant analysée comme le langage premier de l’économie. Plus largement, la place prise par l’économie, la quantification et la technique est caractérisée comme marquant « la fin de la naturalité » et le passage de l’« univers infini » de la science classique à « un système réfléchi », dont les réseaux sociaux, le big data ou des marchés financiers fournissent l’archétype. Ce constat débouche sur la proposition d’un modèle de savoir plus ouvert, reconnaissant la place du contingent, de l’irréversible et du non durable. Et la mise en avant du rôle joué par les conventions dans la construction du savoir et du monde désigne un espace pour le décidable, par-delà la partition trop étroite du déterminé et de l’indécidable. Il s’agit, ce faisant, de trouver une continuité entre les champs du savoir et de l’existence, intégrant le changement et l’intentionnalité et positionnant épistémologie, ontologie, métaphysique et politique dans un ensemble cohérent.