Représenter le peuple : la chanson dans le cinéma portugais Representing the People : the song in Portuguese cinema Fr En

Résumé Fr En

Partant de l’inscription « populaire » de la chanson, cette thèse vise à questionner les dynamiques de représentation du peuple engendrées par sa présence dans la filmographie portugaise, du cinéma muet des années 1920 jusqu’au cinéma contemporain. A travers une diversité de séquences chantées (fado, etc.), elle fait ressortir des figures saillantes du peuple, significatives de ses différents moments politiques. Elle se penche tout autant sur la construction, souvent incomplète et contradictoire, des prétendus topos de la « portugalité », hérités du XIXe siècle et relayés par la propagande de la longue dictature, que sur les modalités de leur critique. En particulier à travers la quête de modernité du cinéma, qui, à partir des années 1950, montre le peuple du « pays réel », contre l’essentialisme de la « nation » séculaire bientôt ébranlée par la Révolution des Œillets (1974). Sur la base d’un corpus d’une trentaine de films, l’analyse - chronologique - apporte un nouvel éclairage sur la dimension sonore du cinéma portugais, et met en avant certains films contemporains de ce point de vue très significatifs, tels ceux de Miguel Gomes.Ce travail, qui s’inscrit dans le renouveau récent de l’historiographie de ce cinéma, s’appuie sur les apports des sound studies et sur certaines théories esthétiques (Rancière, Deleuze). Il vise à enrichir les outils d’une politique de la chanson au cinéma, en dépassant les approches exclusivement textuelle, esthétique ou scénaristique, qui réduisent parfois ces « moments musicaux » complexes et émancipateurs (Amy Herzog) à leur supposé conformisme divertissant, censé servir la mise en scène univoque d’un peuple sentimentaliste et dépolitisé.

Questioning the “popular” anchoring of the song, this dissertation aims to shed light on the dynamics of the people’s representation, throughout the history of Portuguese cinema, from silent cinema of the 1920’s to contemporary productions. Eclectic song sequences (fado, etc.) punctuate this cinematography, triggering different representations of the people, depending on its political moments. On the one hand, this work proposes to bring to light the construction, often incomplete and contradictory, of the supposedly topos of the “portugality”, inherited from the XIXe century and relayed by the regime’s propaganda. On the other hand, it analyses the ways these stereotypes have been criticized, particularly through the quest for modernity of the late 1950’s cinema, which tries to show the people in relation to the “real country”, as opposed to the essentialist age-old nation that will be undermined by the Carnation revolution (1974). Covering thirty films, the chronological case analysis contributes to the sound studies of Portuguese cinema, and highlights some particularly significant contemporary films like those of Miguel Gomes. This thesis, which falls within the recent renewal of Portuguese cinema studies, bases its approach on Sound studies contributions and aesthetic theories (Rancière, Deleuze). It aims to broaden the tools of song politics applied to film music, beyond the strictly textual, aesthetic or script issues, which often reduce these “musical moments” to a conformist entertainment, spreading the image of a sentimentalist and depoliticized people, in spite of their complexity and ability to empowerment (Amy Herzog).

document thumbnail

Par les mêmes auteurs

Sur les mêmes sujets

Exporter en