Pour une approche écocritique et postcoloniale de quelques romans africains francophones

Résumé Fr

Le postcolonialisme et l’écocritique ont émergé à la fin des années quatre-vingt aux États-Unis et dans le monde anglo-saxon et l’un de points communs est leur réception relativement tardive en France – la première décennie des années 2000 – en raison de réticences académiques face à ce qui est perçu comme des théories anglo-saxonnes, mais aussi à cause d’une opposition ouverte d’intellectuels français comme Jean-François Bayart ou Luc Ferry. Les études postcoloniales répondent à une double généalogie : l’une littéraire à travers les littératures dites du Commonwealth dont Rushdie réfutait l’existence, l’autre théorique par l’analyse des discours dont Edward Said, s’appuyant sur Michel Foucault, a donné une illustration magistrale dans L’Orientalisme. L’écocritique s’inscrit également dans une tradition littéraire, nord-américaine, celle du nature writing essay (souvent liée à l’étude de la wilderness) avec des auteurs comme Henry David Thoreau, John Muir, William Burroughs et bien d’autres. Si le postcolonialisme renvoie à une problématique historique liée au processus de colonisation et à la pérennité de ses effets dans le monde contemporain, l’écocritique a une portée plutôt spatiale et géographique : il s’agit était d’étendre la notion de « monde » – traditionnellement rattaché à la sphère sociale – à l’écosphère (Cheryll Glotfelty ). L’objet de l’article sera d’observer en quoi une lecture à l’aune des méthodologies postcoloniale et écocritique, dont nous tenterons de montrer les convergences, peut contribuer à renouveler l’interprétation et modifier la réception de quelques romans francophones postcoloniaux de Patrice Nganang, Alain Mabanckou, Pape Pathe Diop, etc. Nous aborderons la question de deux points de vue : la question animale et la crise environnementale.