2003
Cairn
Aldiouma Diallo et al., « Chapitre 12. Consentement éclairé pour la recherche biomédicale dans les pays en développement : Procédures et attitudes parentales dans un essai randomisé de supplémentation alimentaire de nourrissons sénégalais », Journal International de Bioéthique, ID : 10670/1.0v8kh0
Justification : La 52e Assemblée Mondiale de la Santé a récemment confirmé l’importance d’un consentement individuel libre et éclairé pour toute recherche impliquant des êtres humains, et souligné que les populations médicalement et économiquement désavantagées nécessitent une attention particulière. Objectifs : Décrire les procédures et résultats de séances d’information individuelle conduites au domicile de parents en vue d’inclusion de leur nourrisson dans un essai contrôlé de supplémentation alimentaire au Sénégal. Méthodes : L’information sur l’étude était rédigée en langue locale et la signification contrôlée par traduction inverse. Elle a été transmise aux parents oralement, car plus de 90 % des mères n’avaient jamais fréquenté l’école. Le consentement oral seul était demandé.L’hypothèse de l’étude était celle d’un effet positif d’une supplémentation sur la croissance de l’enfant (de 4 à 7 mois d’âge). Résultats : Seule la présence de la mère à la séance était nécessaire, mais le père et d’autres membres de la famille participaient fréquemment. Parmi 148 mères contactées, 141 ont donné leur accord pour participer à l’étude. Les refus étaient plus fréquents dans la partie Nord de la zone (p < 0,01) et pendant les 2 premiers mois d’inclusion (p < 0,05, test de Fisher). L’existence d’un groupe témoin avec répartition aléatoire des enfants était bien acceptée, mais la plupart des mères souhaitaient faire partie du groupe supplémenté. Quelques refus « déguisés » étaient suspectés, comme des projets de voyage maternel, critère d’exclusion de l’étude (n = 2), ou l’accord pour participer dans le groupe témoin seulement (n = 2). Conclusion : Des parents pauvres et illettrés du Sahel sont capables de prendre des décisions informées de participation de leur enfant à une recherche médicale, sans en référer à des « autorités » religieuse ou traditionnelle. Un critère de non-inclusion comme les projets d’absences du domicile pourrait aider certains parents à éviter la participation de leur enfant sans avoir à refuser directement.