7 décembre 2001
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Philippe Thiard, « Les dynamiques du Bassin parisien (1975-1990): Un système spatial entre mutations du système productif et impact des politiques publiques », HAL-SHS : architecture, ID : 10670/1.0va29j
Le Bassin parisien s’impose depuis au moins un siècle comme une catégorie pertinente pour la description du territoire français. Ce vaste espace, dont les contours ont d’abord été empruntés à la géologie, est apparu au cours des cinquante dernières années comme le périmètre le mieux adapté pour désigner l’aire géographique sur laquelle Paris exerce son influence. Celle-ci s’est considérablement accrue pendant les Trente Glorieuses puisque le Bassin parisien a pu bénéficier, au cours d’une période de croissance sans précédent, de l’implantation de nombreux établissements de production desserrés de la capitale (décentralisation industrielle).Toutefois, la mutation qui touche le secteur secondaire depuis le milieu des années 1970 a mis un terme à cette dynamique. Dans un contexte de globalisation des firmes, la métropolisation de la région Ile-de-France s’est traduite par une reprise de la polarisation sur l’aire urbaine de Paris. Une disjonction dynamique s’est établie entre la région-capitale et son aire d’influence dont la conséquence a été de renforcer la division spatiale du travail à l’échelle du Bassin parisien. Si la sortie partielle du fordisme-taylorisme a permis une certaine diffusion des fonctions abstraites des entreprises – comme la recherche industrielle par exemple –, celle-ci n’a touché que quelques espaces privilégiés : axe ligérien et franges franciliennes en particulier. De nombreux territoires sont ainsi entrés en récession, mais de manière différenciée. Généralement, les espaces qui avaient le moins bénéficié de la décentralisation industrielle (arc nord-est du Bassin parisien) et ceux où l’agriculture occupait une part encore importante des actifs (Ouest de la région) ont le plus souffert de la crise et sont devenus des périphéries délaissées.Face à ces mutations, l’intervention publique n’a eu que des impacts ponctuels, limités à quelques bassins d’emploi, en relation avec certaines politiques sectorielles (programme nucléaire, programme aérospatial, programmes militaires…). Par ailleurs, la planification spatiale et l’aménagement du territoire ont renforcé le divorce dynamique entre Paris et son aire d’influence. Grâce à son schéma directeur d’aménagement, la région-capitale a connu un renouvellement exceptionnel de son offre territoriale qui a favorisé la reprise de la polarisation économique. Dans le reste du Bassin parisien au contraire, l’action de l’Etat a été beaucoup plus chaotique et inconstante, tandis que les collectivités locales ont peiné à faire émerger des projets de territoire leur permettant de concurrencer le dynamisme francilien.