Marie-Astrid Charlier, « Le sceau de la pantomime. Relecture mimique et gestuelle de la littérature naturaliste », HAL-SHS : littérature, ID : 10670/1.0w04yn
Cet article propose une relecture de la littérature naturaliste à la lumière de la notion de pantomime qui a tant fasciné les écrivains du second XIXe siècle, après une période romantique florissante autour de Jean-Gaspard Deburau. De Champfleury à Zola, les écrivains réalistes puis naturalistes ont été captivés par la pantomime: en tant que spectateurs et critiques dramatiques, en tant que mimographes tels Paul Margueritte ou Léon Hennique, mais aussi en tant que romanciers et dramaturges. En effet, au-delà de la mimographie stricto sensu, les écrivains naturalistes ont largement incorporé la pantomime dans leurs créations romanesques, dans des scènes de spectacle et dans des scènes de crise (nerveuse, alcoolique, etc.). Les nombreuses adaptations théâtrales des romans naturalistes redoublent la problématique mimétique puisque les scènes mimées dans les romans sont incarnées par la pantomime de l’acteur·rice, laquelle inspire en retour l’écriture romanesque. Quelles formes mimiques travaillent (dans) le texte naturaliste ? Quelles relectures de l’œuvre permet la traversée mimique et gestuelle? Que disent-elles sur les plans esthétique, historique et culturel ? Car relire la littérature naturaliste à travers la pantomime, c’est aussi mettre au jour une véritable culture naturaliste du corps et du geste à la fin du XIXe siècle. Les représentations de corps expressifs, marginaux et en crise sont alors si attachés à l’imaginaire social du naturalisme que l’esthétique naturaliste devient une référence récurrente pour le théâtre, la chanson et même la danse.