2021
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Elisa Reato, « Sartre et le don : de l’impossibilité de vivre à sa possibilité », HAL-SHS : littérature, ID : 10670/1.0wtoc3
L’objet du don s’avère problématique, car qu’est-ce qui, exactement, se trouve donné ? Dans L’être et le néant, Sartre n’affirme rien d’autre que « donner, c’est asservir ». Selon Sartre, la cause fondamentale de cette pratique doit être cherchée à la fois dans l’échange marchand des sociétés capitalistes et dans la structure ontologique de la réalité-humaine. À quels types de rapports interhumains authentiques se substituent les rapports aliénés de l’économie capitaliste ? Dans les Cahiers pour une morale, Sartre écrit : « La vraie liberté donne — c’est-à-dire propose — reconnaît les inventions, — c’est-à-dire reconnaît les libertés à travers leurs dons — et se manifeste à travers la construction d’un monde ». Doit-on comprendre qu’on a affaire ici à deux variantes de la même notion de don ? Je me propose dans ce texte, d’une part, d’examiner les définitions multiples et antagonistes de la notion de don et, d’autre part, de montrer laquelle se révèle la plus appropriée pour la morale promue par Sartre. Une telle discussion ne vise pas à montrer que la notion de don échouerait à penser les rapports interindividuels, bien au contraire elle montrera qu’une réflexion sur les rapports entre liberté et générosité débouche sur les pratiques d’engagement éthique et politique proposées par Sartre. Il faut donc admettre que le don dans sa version authentique relève de la liberté des hommes qui les conduit à s’engager dans les luttes contre l’impossibilité de vivre, la liberté étant pierre de touche pour distinguer la générosité morale de la générosité immorale.