2018
Cairn
Éric Fassin, « Politiques de la (non-) représentation », Sociétés & Représentations, ID : 10670/1.0xdyee
La représentation signifie à la fois, paradoxalement, l’absence de ce qui est représenté et la présence de la représentation. Pour appréhender ce langage de pouvoir du point de vue des minorités, et en particulier des Roms, on peut poser un second paradoxe pour rendre compte de la prolifération d’images et de la rareté des représentants : la surreprésentation des Roms imaginaires, et la sous-représentation des Roms réels. Puis on introduira une nouvelle distinction pour formuler un troisième paradoxe : l’hyper-représentation de la « question rom » dans l’espace public et en même temps la non-représentation du traitement de ces populations par les pouvoirs publics. Cette invisibilisation politique et médiatique est analysée à partir d’expériences d’engagement public à la première personne contre l’antitsiganisme politique. On s’interroge ensuite sur un déplacement qui s’opère dans la représentation, de l’image à la voix, et donc du visible à l’audible, lorsque les premiers concernés, Roms et autres minoritaires, prennent la parole en leur nom propre.