7 décembre 2017
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Gautero Jean-Luc, « L'Utopie sans peine », HAL-SHS : philosophie, ID : 10670/1.0xu4wk
Certaines utopies sont dépourvues de peines, ou du moins de système pénal tel que nous le connaissons : « plus d’avocats, plus d’avoués, plus de notaires, plus d’agents de change, plus de courtiers dans Icarie… ! Plus d’huissiers, ni de recors, ni de gendarmes, ni de sergents de ville, ni de mouchards, ni de geôliers, ni de bourreaux ! Plus de juges grands et petits, rouges et noirs ». Peut-on y trouver une caractéristique partagée qui les différencie des autres utopies, celles où le bonheur commun est assuré par une répression implacable à l’égard des perturbateurs ? (« Tant que certaines espèces de gens sont laissées libres, il n’existe pas, en public, de liberté sociale » : Wells, Une utopie moderne.) Il ne s’agit pas, en tout cas, d’écarter la possibilité d’actions qui viennent troubler l’harmonie sociale : « Il se peut qu’un homme en frappe un autre, que celui-ci riposte et que, le pire arrivant, un homicide en résulte » (William Morris, Nouvelles de Nulle Part). Quelle attitude ces utopies adoptent-elles alors par rapport à de telles actions, qu’est-ce qui s’y substitue à notre système pénal ? Ne risque-t-on pas, derrière un masque de bienveillance, d’avoir à faire à une répression encore plus sévère ? « Nulle part la police n’est aussi nombreuse [qu’en Icarie] ; car tous nos fonctionnaires publics, et même tous nos citoyens, sont obligés de surveiller l’exécution des lois, et de poursuivre ou de dénoncer les délits dont ils sont témoins ».