La vie quotidienne d’une famille exilée sous le Second Empire : les Raspail en Belgique

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2021

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Jonathan Barbier, « La vie quotidienne d’une famille exilée sous le Second Empire : les Raspail en Belgique », Revue d'histoire du XIXe siècle, ID : 10670/1.1058pp


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Dans l’imaginaire collectif, l’exilé républicain, sous le Second Empire, est souvent vu comme un être esseulé et vivant perpétuellement dans la souffrance. Pourtant de récents travaux, comme ceux de Sylvie Aprile, ont redonné une place dans la société des exilés aux proscrites républicaines ainsi qu’aux épouses et filles d’opposants républicains restant en France ou accompagnant leurs proches à l’étranger. Cet article souhaite poursuivre ces réflexions en analysant le phénomène de l’exil politique au-delà de la sphère du couple, c’est-à-dire au sein du contexte familial. L’approche consistant à décentrer le regard de l’historien depuis le proscrit célèbre vers sa famille permet-elle alors d’appréhender l’exil dans une temporalité longue ne se réduisant pas à l’existence extraordinaire d’un homme mais incluant plusieurs générations d’individus marqués, à des âges différents, par l’expérience quotidienne d’une vie familiale hors de France ? Pour le savoir, nous étudierons une dynastie républicaine, la famille Raspail, dont certains de ses membres ont connu des exils successifs en Belgique, du coup d’État de Louis-Napoléon Bonaparte jusqu’à l’amnistie des communards. Nous verrons que l’exil a reconfiguré la répartition des rôles de chacun des membres dans la famille, a contribué à renforcer un républicanisme de combat à l’intérieur de ce clan et a été aussi l’objet d’une mémoire transmise au fil des générations qui réinterroge les temporalités de la proscription. Par ailleurs, la famille Raspail en exil permet de révéler une pluralité des familles républicaines en exil et que cette famille s’insère dans des logiques collectives qui font écho à d’autres formes de migrations contemporaines.

In the collective imagination, the Republican exile, under the French Second Empire, is often seen as a lonely being perpetually living in suffering. Yet, recent studies, such as Sylvie Aprile’s, have restored a place in the society of exiles to Republican outlaws as well as to the wives and daughters of Republican opponents who remained in France or followed with their relatives abroad. This article wishes to pursue these reflections in analyzing the singularity of political exile beyond the sphere of the married life, that is to say within the family context. Does the historian’s approach, which consists in focusing not mainly on the renowned outlaw but on his family as well, make it possible to apprehend exile over a long period of time without reducing it to the extraordinary existence of a man, but by including several generations of afflicted individuals, at different ages, and their day-to-day experience of family life outside France? To find out, we will study a Republican dynasty, the Raspail family, some of whose members experienced successive exiles in Belgium from the coup d’État staged by Louis-Napoleon Bonaparte up to the amnesty of exiled Communards. We will see that exile reshaped the distribution of the roles of each family member, helped to strengthen a combative Republicanism within the clan and also built up an intergenerational transmission of exile-related memories, which enables us indeed to examine the temporalities of the proscription. Furthermore, we will see that the Raspail family in exile makes it possible to reveal the plurality of Republican families in exile, as this very family fits into certain group logics that echo other forms of contemporary migrations.

In der kollektiven Vorstellung gilt der republikanische Exilant unter dem Second Empire oft als ein einsamer, fortwährend leidender Mann. Dagegen haben jüngere Forschungen, wie die von Sylvie Aprile, geächteten Republikanern sowie Ehefrauen und Töchtern, die in Frankreich blieben oder ihren Verwandten ins Ausland folgten, ihren Platz in der Exilgesellschaft verschafft. Der vorliegende Artikel führt diese Überlegungen weiter und analysiert das Phänomen des politischen Exils über die Sphäre des Paares hinaus in einem familiären Kontext. Kann über die Erweiterung des Blicks weg vom berühmten Ausgestoßenen hin zu seiner Familie das Exil in einer langen Zeitlichkeit erfasst werden und mehrere Generationen von Individuen umfassen, die jeweils von der täglichen Erfahrung eines Familienlebens außerhalb Frankreichs geprägt waren? Als Beispiel dient hier die Familie Raspail, von der nacheinander Familienmitglieder nach dem Staatsstreich von Louis-Napoléon Bonaparte bis zur Amnestie der Kommunarden nach Belgien vertrieben wurden. Dabei sorgte das Exil für eine neue Rollenverteilung und trug zur Stärkung eines kämpferischen Republikanismus innerhalb der Familie bei. Das Exil wurde Gegenstand einer über Generationen weitergegebenen Erinnerung, was eine Analyse der Zeitlichkeit der Verbannung erlaubt. Zugleich offenbart die Familie Raspail im Exil die Pluralität von exilierten republikanischen Familien und spiegelt kollektive Logiken anderer Formen zeitgenössischer Migration.

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